En 2014, les peuples des cinq continents vont commémorer le centenaire de la Première guerre. On se souviendra aussi du 70ème anniversaire du Débarquement de Normandie.
Qu’est-ce que le devoir de mémoire ? Ne pas oublier ceux qui ont payé de leur vie notre liberté, a dit Bernard Emié, notre ambassadeur, le 11 novembre dernier devant la statue de maréchal Foch à Grosvenor garden.
Quelques drapeaux qui claquent au vent, un air de clairon qui fige l’assistance, des paroles protocolaires… la mise en scène peut paraitre bien sommaire, mais le sens est profond, abyssal même. “Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre”, pensait Winston Churchill, lui, qui a vécu les deux guerres. Il suffit à notre bonheur que les soldats portent des uniformes de parade et des fusils vides, parce que “c’est avant tout la paix que nous célébrons aujourd’hui”, a rappelé Bernard Emié dans son discours.
Au cours de la Grande guerre, un million trois cent mille soldats français, de tous âges et de toutes conditions, ne sont jamais revenus dans leurs foyers. “Sacrifice ultime”, “morts au champ d’honneur”, nous les payons de mots, certes, mais perpétuer leur souvenir fait assurément avancer l’humanité. Cent ans après, nous partageons la même monnaie avec l’Allemagne…
Lors des cérémonies de l’Armistice, notre ambassadeur de France à Londres s’est rendu, pour la première fois, au cimetière de Brookwood, le plus grand d’Angleterre, où reposent plus de 5000 combattants de toutes nationalités.
Bernard Emié s’est recueilli devant le carré français où se projette l’ombre de la croix de Lorraine lorsqu’un rayon de soleil parait. Ce plan de verdure regroupe “226 tombes des Forces françaises libres, marquées par la croix latine, le croissant ou l’étoile de David”, nous a-t-il fait observer en expliquant que “les hommes et les femmes de la France Libre, par leur exil patriotique, sont venus servir l’espoir et l’ambition d’une France fidèle à elle-même, celle qu’incarnait le Général de Gaulle”.
Ils sont morts “pour une certaine idée de la France” a-t-il résumé, en citant ces mots célèbres du Général.
Cette vision gaullienne de la France outrepasse largement le cadre guerrier : elle a suffisamment de chaleur et de lumière pour rappeler le peuple français à son propre destin.
Nous l’avons compris lorsque l’ambassadeur nous a lu ce fameux extrait des Mémoires de Guerre: “La France n’est réellement elle-même qu’au premier rang : que seules de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans grandeur”.
Après la cérémonie, notre ambassadeur s’est rendu dans le pub de Brookwood pour partager le verre de l’amitié avec nos anciens combattants.
Sa venue à Brookwood constitue un geste fort qui a touché tous ceux qui sont attachés au devoir de mémoire. Lire Discours de Bernard Emié – Cérémonie du souvenir au cimetière militaire de Brookwood – 2013 (fichier pdf)
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