Il aurait eu 100 ans, le 4 septembre prochain.
Eddy Hasson venait d’être nommé chevalier de l’ordre national du Mérite, lors de la toute dernière promotion. Trop juste pour recevoir sa décoration des mains d’un représentant de la République. Eddy était rompu à cet exercice puisqu’il collectionnait les distinctions, avec cette particularité d’avoir gagné ses premières médailles au feu de l’ennemi. Eddy a rejoint les Forces françaises libres à Londres le 1er juillet 1940, soit moins de deux semaines après l’appel du Général de Gaulle sur les ondes de la BBC. Eddy était un héros de guerre.
Né en Turquie, il a bourlingué avant de s’établir en Angleterre auprès de son épouse Gwen et de devenir un membre actif et singulier de notre communauté française. Chaleureux, drôle, attentif à tous, l’homme savait donner de la saveur à chaque instant, comme ceux qui ont survécu aux bourrasques de l’Histoire.
Derrière l’homme, c’est le soldat qui s’incarnait lors de chaque cérémonie officielle. Ces rendez-vous étaient importants pour Eddy. Pas pour lui-même, pas pour la gloriole, loin de là, mais importants pour la France d’aujourd’hui, pour les copains d’hier, pour le devoir de mémoire, en somme.
Eddy était un personnage, comme on dit. Brigitte Williams, déléguée de la « Fondation de la France Libre » m’a confié que le 14 décembre 2013, au matin du jour de son départ, il lança avec un large sourire à l’infirmière : “Vous avez de beaux yeux !”. Il laisse ici-bas un grand vide et des amis emplis de tristesse.
Plusieurs pages lui sont consacrées dans le livre d’Eric Simon “Londres, au fil de la France Libre”. Sous le coup de la nouvelle, l’auteur m’a adressé ces quelques lignes en hommage à Eddy :
Eddy Hasson, notre légionnaire
À chaque commémoration, Eddy, coiffé de son képi blanc portait le drapeau des anciens combattants, arborant avec fierté son insigne de la France Libre au revers de son veston. Eddy était un personnage droit, discret. Sa vie, c’était celle d’un jeune immigré qui avait découvert notre pays en 1919 et qui lui donna beaucoup. Des sables du désert, en passant par les plages de Narwick, jusqu’à sa petite maison d’Ealing, il devait se donner sans cesse à sa communauté. Chez lui, sur les murs, on pouvait voir des témoignages signés par le général de Gaulle, des décorations gagnées au combat.
Eddy remontait notre moral à grands coups de bonne humeur et d’humour. Son dernier combat aura été pour Gwen, son épouse malade. Homme de devoir, volontaire déterminé, Eddy passa les dernières années de la guerre à aider à déterrer les cadavres des victimes des bombardements. Nul ne l’a jamais entendu gémir ou se plaindre; nul ne l’a jamais entendu se vanter. Pauvre Eddy, soldat, légionnaire, chanteur d’opéra, artiste, tu nous as quittés au moment même où la France venait de te faire chevalier de l’ordre du Mérite ! Tu nous as quittés dans la discrétion, sans qu’un drapeau tricolore orne ton cercueil et c’est dommage. Merci de nous avoir considérés comme tes amis !
Éric Simon
Photo : Eddy Hasson, entouré d’Eric Simon et Brigitte Williams, déléguée de la Fondation de la France Libre
Pour en connaitre davantage sur la vie d’Eddy, je vous invite à lire son portrait réalisé par Julie Philippe, l’an dernier, et publié dans Lepetitjournal : « Eddy, combattant poète de la seconde Guerre mondiale » du 28 juin 2012
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