“Ne pas pouvoir se rendre dans une boulangerie, ni aller au cinéma ou à l’école, ni prendre le bus… c’est le quotidien de millions de personnes en situation de handicap en France, faute d’équipements garantissant l’accessibilité pour tous.”
Les mots de Philippe Croizon, amputé des quatre membres, nous ramènent à une triste réalité, à une exception française même : il ne fait pas bon vivre chez nous lorsque l’on est physiquement diminué. En accordant un droit à l’accessibilité à chacun, comme celui de pouvoir acheter sa baguette de pain en fauteuil roulant, la République restaure l’égalité de dignité entre ses citoyens. On parle de 9,6 millions de personnes, selon l’Insee, en comptant au sens large la population handicapée, au-delà des deux millions de travailleurs bénéficiant d’une reconnaissance administrative du handicap.
Il y a neuf ans, Jacques Chirac, alors Président de la République, avait fait voter la loi du 11 février 2005 “pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées”, dite loi Handicap.
L’adoption de cette loi traduisait, entre autres, la volonté des pouvoirs publics d’offrir une accessibilité généralisée dans tous les domaines de la vie sociale (éducation, emploi, cadre bâti, transports…) dans un délai de 10 ans.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault vient de nous informer qu’il pourrait retarder de 10 ans l’application de la loi prévoyant l’obligation d’accessibilité pour 2025 au lieu de 2015.
Pour éviter d’être hors la loi, le gouvernement veut simplement changer la loi !
Je vous invite à lire un texte que m’a adressé Edouard Braine, ancien consul général de France à Londres. Il déclare ainsi : “Depuis Londres, j’avais estimé notre retard sur les britanniques à 35 ans. Ce délai est celui qui sépare l’adoption de la loi principale sur le sujet, votée par le parlement de Westminster, en 1970, tandis que la loi française date de 2005. Mon estimation était hélas optimiste, car, si les obligations d’accessibilité prévues dans notre loi étaient remises en cause, notre handicap par rapport aux anglais dépasserait alors 50 ans, piètre performance, alors que notre système social est cité en exemple.” Lire : Lettre d’Edouard Braine sur l’accessibilité.
Philippe Croizon et l’Association des Paralysés de France demandent au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, de ne pas retarder l’application de la loi sur l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap.
Ils ont besoin de votre soutien. Je vous invite à signer leur pétition.
Lire aussi : : “Le consul Edouard Braine valorise les bonnes pratiques britanniques en matière de handicap” du 17 décembre 2011.
crédit photo : Philippe Huguen / AFP
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