Lire : l’HEBDOLETTRE n°60 – 21 juin 2016
Edito de l’HebdoLettre n°60
God Save Europe
La célébration de l’Appel du 18 juin à Londres, ce samedi, a marqué mon 120ème déplacement en circonscription depuis 21 mois de mandat et mes 10 ans de vie politique, puisque j’ai été élu pour la première fois conseiller AFE le 18 juin 2006.
Avec Patricia Connell, Carole Rogers et Sophie Routier, élues consulaires de Londres, nous avions organisé pour l’occasion une réunion de l’UFE GB consacrée au plan Ecole et au Brexit, en présence de ma collègue Joëlle Garriaud-Maylam.
Nous avons salué la mémoire de la députée travailliste Jo Cox, assassinée jeudi dernier. Dans son hommage, Thibault Lavergne, président de la communauté protestante française de Grande-Bretagne, a rappelé l’histoire des Huguenots venus chercher refuge en Angleterre. Pour qu’ils soient accueillis dignement, le roi avait été contraint d’encourager ses sujets chaque dimanche aux offices pour surmonter leurs réticences.
En m’engouffrant dans le taxi qui devait me conduire à la réunion, je me suis retrouvé le nez face à un poster “Leave”. Le chauffeur ne m’a pas adressé un seul mot de tout le trajet puis, à l’arrivée, il m’a tendu mon reçu sans regard ni merci.
Surpris par cette animosité, j’ai partagé l’anecdote avec les participants. Les témoignages concordants ont fusé. Une compatriote qui parlait français dans les rues de Fulham a été traitée de “bâtarde d’étrangère” et de “p… française” par un passant. Un restaurateur français, pourtant installé depuis 17 ans à Londres, s’est vu brutalement interpellé sur ses origines étrangères.
Très étonnant aussi les propos de cet Afghan et cette Portugaise, tous deux naturalisés britanniques de fraiche date, qui prônaient le Brexit pour mettre un frein à l’arrivée de nouveaux étrangers. Une fois rentrés, eux, ils veulent fermer la porte et… jeter la clé.
Un épais malaise s’est saisi de nos compatriotes de Grande-Bretagne. Le fait de résider au Royaume-Uni depuis des décennies ne change rien à l’affaire. Un vent mauvais s’est levé et chacun sait que les extrémistes ne s’embarrasseront pas de nuances.
Sur le continent, les nationalistes rêvent du Brexit, parce qu’il pourrait provoquer un effet domino au sein de l’Union européenne. Résolument opposée à cette tendance mortifère du chacun pour soi, Jo Cox “croyait en un monde meilleur et se battait chaque jour pour cela”, a dit son mari.
Par les temps qui courent, il faut croire qu’on peut en mourir. Même au cœur de la plus vieille démocratie parlementaire d’Europe.
Jeudi prochain, je veux croire que les Britanniques feront le choix de l’Union pour retrouver apaisement et espérance.
God save Europe !
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