Historique ! voilà le qualificatif repris en boucle par tous les médias tel un mot d’ordre pour évoquer le XXXIème Sommet franco-britannique.
“C’est un niveau de confiance entre deux nations jamais égalé dans l’Histoire”, ose même Nicolas Sarkozy devant la presse, aux côtés de David Cameron tout aussi radieux que lui.
A Londres, mardi dernier, ce qui demeura historique c’est la signature d’un traité de coopération militaire nucléaire entre la France et la Grande-Bretagne, pour une durée de 50 ans. Les deux seules puissances nucléaires en Europe vont désormais mutualiser leurs travaux de recherche à Aldermaston et réaliser des tests en commun au centre d’essais de Valvuc en Bourgogne.
Si les deux dirigeants se félicitent d’aller au prochain sommet de l’Otan avec une vision partagée de la sécurité, soyons honnête en disant que la crise contribue au rapprochement entre les peuples qui veulent travailler avec pragmatisme et rationaliser leurs investissements. Rappelons en effet que la France et le Royaume-Uni pèsent la moitié du budget de Défense de toute l’Europe.
La coopération militaire se prolongera par de nombreuses interactions, mais toujours dans le respect des souverainetés de chacun : conception commune du premier drone de surveillance européen, développement d’un nouveau programme de missiles, création d’une force expéditionnaire commune, coopération en matière de cyber-défense (contre le terrorisme et les cyber-attaques)… “Ensemble, nous ferons mieux”, s’enthousiasme le Président.
Le chantier est considérable puisqu’il faudra devenir compatible tout en restant différents. Savez-vous, par exemple, que les avions français ne peuvent pas se poser sur un porte-avions anglais et réciproquement ? C’est pourquoi le futur porte-avions britannique va adopter le principe du catapultage des avions pour bâtir une force aéronavale franco-britannique intégrée.
Il y a tout juste vingt-cinq ans, je participais au développement des commandes de vol du Rafale. La rivalité avec l’Eurofighter était notre moteur. Je me souviens aussi de la marginalisation de l’emploi de nos forces aériennes lors de la première guerre du Golfe. En seulement trois ans, le chef de l’Etat a conduit un bouleversement stratégique en matière de défense qui sort la France de son isolement et la place de nouveau en qualité d’acteur international incontournable.
Nicolas Sarkozy prépare sous les meilleurs auspices la présidence française au G20 et G8 déclarant qu’il va associer les Britanniques à ses initiatives. Une démarche qui tombe sous le sens tant les enjeux actuels demanderont du consensus, de l’audace et de nouvelles idées : “On ne résoudra pas les problèmes du 21ème siècle avec les idées du 20ème siècle”, a rappelé le Président.
Texte intégral de la conférence de presse conjointe, David Cameron & Nicolas Sarkozy, du 2 novembre 2010 (discours, questions/réponses)
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