Retour à Washington pour participer au Forum des conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) d’Amérique du nord. L’occasion de retrouver (à l’image) Alain Bentéjac, président du Comité national des conseillers du commerce extérieur (CNCCEF) et Paul Bensabat, président de la Commission Amérique du nord des CCE et aussi président du Forum.
Dès mon arrivée, Philippe Etienne, ambassadeur de France aux États-Unis, m’a reçu en entretien pour faire un tour d’horizon sur les sujets d’actualité concernant la relation bilatérale et pour recueillir mes observations suite à mon passage à Chicago (compte-rendu).
Ce déplacement fut aussi l’opportunité de découvrir l’action de la Banque Mondiale et de retourner au lycée Rochambeau pour un entretien avec Hélène Fabre, directrice exécutive, et Xavier Jacquenet, proviseur. Cet établissement a quitté son statut d’école conventionnée en septembre 2021 pour devenir une école partenaire du réseau AEFE.
Diplomatie économique
Philippe Etienne, ambassadeur de France aux États-Unis, avait convié à la Résidence tous les participants au séminaire économique Amérique du Nord (États-Unis, Canada, Mexique) réunissant les CCEF, les consuls généraux et les conseillers économiques.
Dans son message d’accueil, l’ambassadeur a mentionné la présence de la réplique de la statue de la Liberté, installée devant la Résidence, parée du drapeau ukrainien, afin de témoigner de notre soutien à ce peuple qui lutte pour sa liberté face à l’envahisseur russe.
À l’occasion de la présidence de l’UE, la France a souhaité commémorer la présence de Jean Monnet, père fondateur de l’Europe, à Washington pendant la deuxième guerre mondiale.
L’ambassade a donc proposé l’inauguration d’un banc public parisien, dans le Rock Creek Park, que le diplomate affectionnait lors de son séjour dans la capitale américaine.
Transporté gracieusement par Fedex depuis Paris, ce banc a été déposé dans le jardin de la Résidence, en attendant l’autorisation du congrès américain pour être installé à son lieu de destination finale.
Sur place, j’ai eu le plaisir de revoir nos trois conseillers des Français de l’étranger, également CCEF : Gérard Epelbaum et Patrick Pagni (New York) et Dominique Lemoine (Atlanta). +d’images
Forum des CCEF Amérique du nord & de la communauté économique française
Co-organisé pour la première fois par la commission Amérique du Nord des CCE présidée par Paul Bensabat et le service économique régional dirigé par Antonin Aviat, le Forum a accueilli également les dirigeants des chambres de commerce franco-américaines, Business France Amérique du Nord, BPI France, les communautés French Tech aux États-Unis, Atout France et le réseau diplomatique et consulaire français en Amérique du Nord.
240 participants étaient réunis à l’ambassade de France pour échanger, durant deux jours, sur les perspectives de la relation économique transatlantique et évaluer les impacts sur nos entreprises des enjeux économiques et géopolitiques contemporains.
Exacerbée par l’entrain de Paul Bensabat, la bonne humeur générale était palpable.
Elle était partagée par Philippe Etienne, ambassadeur de France aux États-Unis, car les principaux différents commerciaux qui grevaient les relations transatlantiques ont été résolus en 2021.
Parmi les invités d’honneur, Peter Harrell, senior Director pour l’économie internationale et la compétitivité au National Security Council de la Maison Blanche a remis la relation transatlantique au coeur de la stratégie américaine et rappelé que les États-Unis restaient une destination attractive pour les investissements provenant de l’hexagone.
Il a mentionné sa participation à la deuxième réunion du « Conseil Commerce et Technologie » (CCT) entre l’Union européenne et les États-Unis qui s’est tenue à Saclay le 16 mai dernier.
Le CCT permet aux États-Unis et à l’Union européenne d’échanger sur les évolutions législatives et réglementaires de part et d’autre, et le cas échéant de convenir de positions communes dans les enceintes internationales ou d’organiser une coordination transatlantique.
Les échanges étaient destinés à dresser les perspectives de coopération sur la résilience et la sécurisation des chaînes de valeur, sur les transitions verte et numérique ou encore sur la promotion d’un environnement digital respectueux de la démocratie et des droits humains.
Jean Lemierre, Pdt de BNP Paribas, a rebondi en déclarant qu’il y a un regain d’intérêt des investisseurs pour les États-Unis, ce qui n’aurait pas été le cas il y a 3 ou 4 ans.
Si les résultats ont été bons pour toutes les entreprises en 2021, les entreprises doivent prendre en compte les risques de dépendance et les risques politiques. Tous les services achats ont redécouvert les fournisseurs multiples et de proximité. Les risques politiques ont des implications logistiques.
La menace d’un découplage États-Unis/Chine a été évoquée lors des débats. Ce découplage appliqué à certains secteurs, pour l’instant stratégiques, place les entreprises européennes en tenaille entre les législations américaines et chinoises. Cela est susceptible de les entrainer à faire un choix entre les deux marchés.
On ne doute pas de la décision des entrepreneurs français présents à Washington, qui ont observé, lors des tables rondes, que l’image de la France aux États-Unis est plutôt bonne. Constance Bost, directrice de la chambre de commerce franco-américaine au Texas a partagé son enthousiasme. Seule il y a 4 ans, son équipe compte désormais 7 personnes. Elle révèle le potentiel énorme pour les entreprises françaises.
Dans sa conclusion, Alain Bentéjac, Pdt des CCEF, a qualifié le marché nord-américain de « marché clé » et encouragé nos entrepreneurs à développer notre excédent commercial. +d’images
À la faveur de mes différents déplacements, je rencontre fréquemment les représentants des comités French Tech, label lancé en 2013 pour faire travailler ensemble start-up, investisseurs et l’État.
Lors du forum économique, j’ai souhaité participer à la table-ronde écosystème French Tech en Amérique du Nord, qui s’est révélée être l’atelier le plus fréquenté.
La France est le seul pays à s’être doté d’une administration dédiée aux start-up. Son objectif est de faire rayonner la Tech française, de créer un esprit collectif avec une dimension d’accueil et se faire le relais des talents implantés à l’étranger qui voudraient rentrer en France.
Un million de personnes travaillent pour les entreprises de la French Tech.
On recense désormais 120 comités French Tech, dont 60 à l’international.
La Silicon Valley, plus grand hub de start-up au monde, ou la Grand Pomme qui se déclare destination préférée de la French Tech avec plus de 350 entrepreneurs français, ne sont pas les seuls comités en Amérique du Nord. On en trouve également à Atlanta, Austin, Boston, Chicago, Houston, Los Angeles, Miami, Montréal, Toronto et Raleigh. Au Canada, la French Tech a été rebaptisée Bleu, Blanc Tech.
Très investis, imaginatifs, innovants, solidaires, désireux de donner la meilleure image de la Tech française, chaque représentant a rappelé les besoins récurrents d’accès aux talents et au capital.
La complémentarité entre les chambres de commerce et les comités French Tech dépourvus de structure pour organiser des événements a été affichée. Les initiatives sont variées et sans coordination, à l’exception des deux communautés du Texas.
Beaucoup ont souligné l’absence de méthode de la part de ceux qui donnent les orientations à la tête du dispositif à Paris, déploré un manque de coordination et l’absence d’un organigramme détaillant « qui fait quoi ».
En conclusion, j’ai livré mon analyse de la French Tech. C’est un exemple de « chaos management » qui aboutit à une réussite marketing remarquable de la Tech française. Nous devons veiller à rendre notre économie compétitive pour que cet écosystème ne produise pas des entreprises plus start que up ! +d’images
Pour la soirée de gala du séminaire économique, Paul Bensabat, président de la commission Amérique du Nord des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), a choisi l’hôtel iconique Willard Intercontinental. Il est appelé « la résidence des Présidents » car tous les présidents américains depuis 1850 y ont séjourné ou l’ont visité. Aussi, de nombreux moments historiques s’y sont déroulés, à commencer par Martin Luther King qui a écrit son fameux discours « I have a dream » dans une des chambres de l’hôtel.
Philippe Etienne, ambassadeur de France aux États-Unis, m’a appris que l’histoire veut que le terme “lobbyiste” ait été créé par le président Ulysses Grant dans le hall du Willard. Il qualifiait ainsi les agents d’intérêts privés qui l’attendaient, sachant qu’il fréquentait assidûment le lieu pour se détendre en buvant un verre ou en fumant un cigare.
Un film de 15 minutes a présenté les actions des CCEF Amérique du Nord, dont les deux premiers Symposiums mondiaux des CCE à Miami qui ont réuni chacun 600 à 800 conseillers de 50 pays, ou encore l’immense salon « Best of France » en plein air sur Times Square les 27 et 28 septembre 2015 pour promouvoir l’ensemble des talents, du savoir-faire et des forces vives de la France aux États-Unis.
Nous avons également pu visionner les actions d’amitié franco-américaine et de rayonnement de la France par leur association « The French will never forget », à l’image de la chaine humaine de 2500 personnes à Omaha Beach, la commémoration des 10 ans du 11 septembre au Trocadero ou encore le million de pétales de roses lancé sur la statue de la liberté pour marquer les 70 ans du débarquement.
Félicitations à Paul et à toute l’équipe des CCEF d’Amérique du nord qui portent très haut les couleurs de la France ! +d’images
Rencontre avec Georges Comair et Emmanuel Comolet, deux Français qui travaillent à la Banque mondiale à Washington, premier prêteur d’argent d’origine publique au monde.
Une équipe de 15 compatriotes pilote pour la France les relations avec la BM et le FMI (Fonds Monétaire International).
Détaché par l’AFD à la BM, Emmanuel Comolet couvre 45 pays africains.
De retour du Bénin, Georges Comair m’a fait visiter le siège et m’a décrit le rôle d’analyse projet sur le terrain et de négociation du prêt avec le gouvernement local. En cas d’accord, le prêt est soumis au conseil d’administration de la BM qui comprend 25 administrateurs.
Nous avons échangé sur le fonctionnement de la BM et leurs observations sur l’attribution des contrats en Afrique m’ont permis de compléter mon information.
Le Groupe de la Banque mondiale est l’une des principales sources de financement et de conseil pour les pays en développement. Il se compose de cinq institutions engagées en faveur
1 – de la réduction de la pauvreté : faire en sorte que la part de la population mondiale vivant avec moins de 1,90 USD par jour passe sous la barre des 3 % d’ici 2030 ;
2 – d’un plus grand partage de la prospérité et de la promotion d’un développement durable : favoriser, dans chaque pays, l’augmentation des revenus des 40 % les plus pauvres.
La BM compte plus de 10 000 employés répartis dans quelque 120 bureaux à travers le monde.
L’atrium de la BM rend hommage à James Wolfensohn, président de la BM de 1995 à 2005, dont l’action lui a valu un immense respect. Il a lancé officiellement la guerre contre le cancer de la corruption et brisé un tabou.
Dans l’atrium, une sculpture en bronze célèbre l’action de la BM qui a contribué à la disparition de l’onchocercose, dite aussi cécité des rivières, une maladie parasitaire endémique dans 30 pays africains. +d’images
Enseignement
La route du succès
Retour à Rochambeau, pour un entretien avec Hélène Fabre, directrice exécutive, et Xavier Jacquenet, proviseur.
Mon objectif était de faire le point sur la situation de l’établissement, après avoir accompagné le conseil d’administration dans sa démarche, ayant abouti à sortir de la convention qui liait Rochambeau à l’AEFE.
Depuis la rentrée de septembre 2021, Rochambeau est devenue une école partenaire comme la majorité des écoles du réseau AEFE. Cela n’a strictement rien changé au fonctionnement de l’établissement, dont l’homologation vient d’être renouvelée pour 5 ans par le ministère de l’Éducation nationale. Les conflits observés par le passé se sont éteints avec la sortie de la convention.
Rochambeau continue à collaborer avec l’AEFE, la transition s’est faite en douceur. L’établissement a également rejoint le réseau de la MLF qui dispose d’un très bon catalogue en matière de formation professionnelle.
Après avoir reçu l’accréditation IB fin 2020, l’année 2022 marque la première promotion IB bilingue de Rochambeau. Cette orientation répond à l’attente des locaux pour éviter que leurs enfants soient orientés vers l’enseignement américain à la fin du CM2 ou de la quatrième.
J’ai été ravi de découvrir les progrès déjà enregistrés par une école qui va bien, où les relations entre les parents, enseignants, administration et direction sont désormais apaisées.
Les 100 élèves perdus pendant la pandémie ont été récupérés. Les effectifs sont actuellement de 1081 élèves. 70 élèves de plus sont attendus à la rentrée de septembre 22 qui verra l’ouverture d’un quatrième campus. La capacité sera portée à 1450 élèves, soit 250 de plus qu’aujourd’hui. L’école sera alors ouverte de 7 à 19 heures.
Au revoir les lunch box, une cantine à la française avec des plats cuisinés et des menus renouvelés quotidiennement seront proposés. De nouveaux clubs extra-scolaires feront leur apparition, des camps d’été et des cours de français du samedi sont envisagés.
Très heureux d’avoir pu constater que Rochambeau peut désormais développer ses idées et suivre une vision qui va lui permettre de croître dans la sérénité. +d’images
Mon passage au consulat m’a permis de me joindre fortuitement à la fin de la cérémonie de remise des Palmes académiques à Emilie Nolf, coordinatrice pédagogique FLAM USA, que j’avais rencontrée lors de mon passage à San Francisco en septembre 2019.
Cet événement s’est passé en présence de Monique Curioni et Béatrice Leydier, conseillères des Français de l’Etranger ; de Marine Havel, présidente FLAM Monde et, à l’origine, de FLAM USA, accompagnée de Nadine Robert, directrice exécutive Les Samedis Français à Bethesda-Washington DC et de Hervé Seux, président directeur EFGB à Boston.
Emilie m’a confié que cette distinction l’honorait profondément et l’encourageait à poursuivre sa mission au service du développement des FLAM aux États-Unis.
Emilie Nolf est une enseignante, ancienne directrice d’école maternelle, et maitre-formateur d’exception.
Le site FLAM USA loue « sa gestion de la coordination pédagogique pour soutenir les FLAM USA depuis le début de sa prise de fonctions au sein de la Fédération FLAM USA, puis assurer la transition en ligne pour toutes les associations américaines ainsi que de plusieurs FLAM à travers le monde, a été primordiale pour la survie de nombreuses associations. »
« Ces Palmes académiques sont la reconnaissance officielle du travail exemplaire et altruiste effectué par Emilie en cette période inédite, et qu’elle continue d’apporter », indique le communiqué.
Sincères félicitations à Emilie et à FLAM USA qui accueille 3500 enfants dans les 16 associations qu’elle fédère. +d’images
Communauté française
Ma présence à Washington m’a permis de faire un point avec le consul général, François Penguilly, et une visite à l’équipe du consulat.
14 500 compatriotes sont inscrits au registre de cette circonscription consulaire. La perte de 4% des effectifs pendant la pandémie a été effacée depuis le début de 2022.
Nous avons longuement évoqué les difficultés rencontrées par nos compatriotes qui ont particulièrement souffert du « travel ban » mis en place par l’administration américaine du 11/3/2020 au 8/11/2021. Ceux qui ont besoin d’un visa pour s’installer peinent à l’obtenir du consulat américain à Paris.
Le visa E2 pour les investisseurs a été réduit de 60 à 25 mois.
L’ambassadeur Philippe Etienne plaide auprès des autorités américaines pour un retour à la durée précédente.
Nous sommes revenus également sur l’organisation des visas dont l’instruction est désormais centralisée sur Washington pour les États-Unis.
Un service de 15 agents est dédié aux visas.
Nous avons analysé les avantages et inconvénients de cette organisation en intégrant les commentaires qui me sont parvenus dans les consulats dépourvus de cette fonction.
Depuis le 1er août 2015, deux consulats généraux regroupent l’ensemble des services d’état civil et de nationalité pour les Français résidant aux États-Unis d’Amérique.
Celui de Los Angeles pour les événements d’état civil survenus dans les états de l’Ouest des États-Unis et celui de Washington pour les événements survenus dans les états de l’Est des États-Unis.
Les agents m’ont fait remonter des difficultés nouvelles rencontrées pour l’enregistrement des naissances, par des couples ayant fait appel à la GPA aux États-Unis, suite au vote de la dernière loi de bioéthique. +d’images
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