Lorsque Louis Blériot atterrit à Douvres, le 25 juillet 1909, le Daily Express titra : “L’Angleterre n’est plus une île” ! Les journaux refirent la même boutade longtemps après, le 12 février 1986, lorsque François Mitterrand et Margaret Thatcher signèrent le traité de Canterbury scellant à la construction du tunnel sous la Manche. C’était il y a vingt-cinq ans.
Je n’ai pas pu accompagner notre consul Edouard Braine à Canterbury pour la cérémonie anniversaire, étant convié à l’inauguration du toit du nouveau collège français à Londres (le CFBL). Le consul m’a fait le grand plaisir de rédiger un billet afin que je le publie à votre attention.
Edouard Braine exprime que notre ambition commune de créer un métro trans-Manche est désormais partagée par le président d’Eurotunnel, Jacques Gounon et Patricia Hewitt, administratrice d’Eurotunnel et ancienne secrétaire d’Etat à la Santé au Royaume-Uni.
La nouvelle est conséquente puisqu’elle décuplerait les liens économiques entre le Kent et le Nord Pas-de-Calais permettant l’émergence d’une nouvelle génération de travailleurs transfrontaliers et résorbant le chômage en France (lire : “Vers une nouvelle génération de transfrontaliers” du 24 août 2010) .
Techniquement, la situation repose sur la mise en circulation d’une navette sur le tracé Eurostar, profitant que le tunnel ne soit utilisé qu’à 52% de sa capacité.
Dans sa lettre, le consul expose nos raisons d’être optimistes. Je salue son déterminisme, saisissant toute occasion de faire progresser les esprits vers un projet devenu l’objectif n°2 de notre Plan Emploi (lire : “Mes vœux à la communauté française du Royaume-Uni pour 2011” du 9 janvier 2011) .
Cher Olivier,
J’étais vendredi dernier 12 février dans ton fief du Kent au moment où tu inaugurais la mise hors d’eau du collège de Kentish Town. Il s’agissait pour moi de manifester le soutien consulaire au dossier transfrontalier créé par le trafic trans-Manche. Plus que mes propos bien repris par la presse nordiste et en particulier par La Voix du Nord sur le métro trans-Manche, ce qui m’a frappé, c’est que pour la première fois à ma connaissance les autorités d’Eurotunnel ont abordé ouvertement ce sujet dont l’importance sera déterminante pour l’avenir économique et social du littoral de Calais et Boulogne. Tu peux donc reprendre ce qui suit :
Lors de la célébration à Canterbury des 25 ans du traité de création du Tunnel sous la Manche, Jacques Gounon, Président d’Eurotunnel, a salué le tunnel comme le plus grand exploit d’ingénierie du 20e siècle. Restent, de son point de vue, aujourd’hui deux éléments manquants au tunnel, un niveau plus élevé du trafic fret et un service de métro transmanche desservant Ashford, Calais Frethun et Lille. « …Eurotunnel fera le nécessaire pour promouvoir ce service ferroviaire, mais cela nécessitera très certainement un effort des pouvoirs publics pour démarrer le projet. Ce n’est pas une question technique, tout est dans les mains des politiciens…», a-t-il ajouté.
L’ancien secrétaire d’État à la Santé, Patricia Hewitt, administrateur d’Eurotunnel, a également déclaré: « C’est vraiment frustrant de constater que nous n’avons pas encore ce lien local. Il nous faut un système de commuting rapide, fiable et abordable. Je vais étudier la question pour voir ce qu’Eurotunnel peut faire pour encourager un opérateur ferroviaire qui y verra une opportunité rentable.”
Sois assuré de mon engagement dans la cause du RER trans-Manche qui me parait s’imposer comme la solution la plus saine et la plus efficace pour faire reculer le chômage dans le Pas de Calais et pour développer la relation frontalière entre les deux rives de la Manche.
Amitiés Edouard Braine
Je vous invite à lire l’article Le lien entre les “meilleurs ennemis du monde”, publié dans la Voix du Nord du 12 février 2011, consacré à la célébration du traité historique de Canterbury.
5 Commentaires
Effectivement, ce Metro Transmanche est attendu avec impatience, notamment, par le President du Conseil Général Dominique Dupilet, ardent défenseur de cette vision transfrontalière. Il avait signé en novembre 2005 un protocole d’accord avec M Carter, leader du KCC, préconisant la mise en place d’un service ferroviaire transfrontalier. Sans nul doute, l’imminence des JO, les perspectives de développement de l’économie résidentielle sur la cote sud du Detroit avec l’arrivée de ménages britanniques (cf etude Cross Channel Commuting / CCI Calais), l’attrait que représentera la mutualisation des potentiels Kent — Cote d’Opale auprès d’investisseurs exogènes à la recherche de compétences linguistiques bilingues au coeur de l’Europe rendent ce projet non seulement nécessaire, mais surtout urgent. Il n’y a pas de problèmes techniques, la balle est dans le camp des politiques, confirme le Président d’Eurotunnel.
La société civile doit aussi être agissante.
I find it scandalous that after 16½ years that the Channel Tunnel has been in operation, there is still no inter-regional passenger rail service connecting Kent with Pas-de-Calais. Such a service should have been introduced from the very beginning, like there is on the Öresund Bridge (which has frequent clockface-timetabled local passenger train services between Malmö and Copenhagen, as well as inter-city services).
And in the UK it wouldn’t only benefit Kent residents. I live in Kingston upon Thames (SW London), but I would use a transmanche metro service in preference to Eurostar for travelling by train to mainland Europe: connecting (using ordinary domestic trains) into the transmanche metro at Ashford would avoid the hassle of crossing London to get to St Pancras. Also, presumably, it would be a turn-up-and-go service, rather than having to book many weeks in advance and ending up with a set of very expensive bookmarks if one’s plans have to change.
I really hope that this does happen finally, now that Eurostar’s statutory monopoly on cross-channel passenger rail services has ended.
Bonjour,
Cela fait maintenant 11 ans que j’enseigne le français en Angleterre, depuis maintenant 3 ans j’habite à Blériot et je travaille dans un établissement scolaire à Douvres. Je prends donc le tunnel tous les jours pour aller travailler. Je passe environ 3 heures par jour dans les transports. Je paie le prix fort, plus d’un tiers de mon salaire donné à eurotunnel (€720 pour 20 voyages), je n’ai pas de priorité à l’embarquement et suis traitée comme une touriste alors que je dois aller travailler. Je ne coute rien à la France et pourtant je paie mes impots locaux et je depense mes salaires en France (loyer courses ect …), je n’ai aucune aide et je ne peux rien deduire de mes impots, pris à la source en Angleterre.
Habiter en France et travailler en Angleterre ? je pense que ça ne vaut plus la peine, je ne trouve personne de competent pour discuter de ma retraite, de mes impots, de mes droits, je ne suis pas considerée comme travailleuse frontaliére, je n’ai meme pas de sécurité sociale en France. Vive l’Europe …
Quelque chose doit etre fait pour nous venir en aide car je ne suis pas la seule dans ce cas. Si vous avez de bonnes adresses pour me conseiller sur mes impots, ma retraite ou sur une aide financiére possible (conseil general ? on peut toujours esperer) n’hesitez pas à me contacter (helenehaem@hotmail.com). Je ne veux pas etre devoir arreter de travailler mais les traversées tous les jours commencent à etre un lourd fardeau, surtout avec un bébé de 3 mois à faire garder (pas de CAF non plus vu que je ne cotise pas en France…).
Merci pour votre soutien
Hélène Haem
Mais malheureusement depuis cet article et tant d’autres toujours rien … je paie toujours aussi cher, pas d’aide, et aucune flexibilité de la part d’eurotunnel. 🙁 j’envisage même de quitter mon travail.
Helene Haem
J’en suis bien conscient. Si cela ne tenait qu’à moi, ce serait déjà en route. Apparemment, obtenir une simple réunion des personnes concernées semble devoir prendre beaucoup de temps. J’en suis le premier désolé. Amicalement. Olivier Cadic
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