En se réunissant quatre fois par an à Paris, les conseillers élus de l’AFE (Assemblée des Français de l’étranger) tissent des liens entre-eux. Depuis près de cinq ans, je siège aux côtés de Michel Tizon à la commission Finances et nous appartenons au même groupe. Michel dirige une PME et il est président de la Chambre de commerce française en Côte d’Ivoire.
Je viens de parler à Michel. Il est désormais enfermé depuis neuf jours. Personne ne peut plus mettre le nez dehors. Il m’a confié : “L’enfer a un sous-sol et nous sommes dedans. Je te transmets ce courrier pour qu’à travers le monde on prenne conscience du dérèglement de nos gouvernants. Il y a complicité d’ensemble.”
Je vous invite à lire son témoignage (lire : “25 ans de rêves, 10 ans de descente aux enfers. Les réflexions d’un expatrié en Côte d’Ivoire depuis 35 ans, entrepreneur et propriétaire de son entreprise.”) Il raconte le pillage de son entreprise familiale le 1er avril dernier, “pour les meilleures raisons du monde : celles du pouvoir, de la cupidité, de la bêtise et bien sûr, de la méchanceté humaine.”
Michel Tizon avait largement alerté nos politiques sur les dangers qui menaçaient ce pays et les réserves à adopter pour ne pas jeter de l’huile sur le feu. Nous assistons à un véritable désastre. La chaine Al Jazira, diffusée en anglais, a révélé des images d’exactions qui dépassent l’entendement.
En 1989, ma vie professionnelle m’avait conduit à développer un appareil électroménager pour le marché ivoirien. J’avais été reçu par les dignitaires du régime du président Houphouet-Boigny et, pour l’anecdote, j’avais résidé à l’hôtel du Golf, devenu fameux depuis qu’Alassane Ouatarra en a fait son quartier général. Ce voyage m’a permis de découvrir un pays où régnait la douceur de vivre et de créer des liens d’amitié avec plusieurs Ivoiriens.
Une vingtaine d’années plus tard, apprenant mon statut d’élu, l’un d’entre eux, Amin, m’avait demandé un entretien. Nous nous étions retrouvés à Paris, il y a tout juste deux ans, le 6 avril 2009.
Visiblement désireux de me faire passer un message d’ouverture du pouvoir ivoirien à l’intention de nos dirigeants, nous avions évoqué la situation politique locale. Je lui avouais que, malgré mon intérêt personnel pour la politique en Côte d’Ivoire, je n’y comprenais rien… Avec un sourire, Amin me répondit : “Si quelqu’un prétend comprendre la politique en Côte d’Ivoire, c’est qu’on lui a mal expliqué !”
Photo Flickr de Stefan Meisel
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