Le 15 juin dernier, Alain Juppé, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et européennes, a présenté au conseil des ministres le plan de développement de l’enseignement français à l’étranger.
Nous pouvons remarquer, non sans fierté, que le plan Juppé a été clairement inspiré par le plan Ecole actuellement déployé au Royaume-Uni depuis trois ans!
Ce plan est l’aboutissement d’une consultation organisée par le ministère des Affaires étrangères et européennes depuis trois ans auprès de tous les partenaires concernés. Il poursuit trois grands objectifs :
1. Conforter les missions et les moyens du réseau scolaire homologué, en consacrant des moyens significatifs (420 millions d’euros par an pour 2011-2013) à ce réseau de 470 établissements qui accueille près de 300.000 élèves (dont 55% étrangers) dans 130 pays et qui est cofinancé par les familles. En outre, un effort particulier est fait par l’Etat pour l’aide à la scolarité des enfants français grâce aux bourses scolaires et à la prise en charge de la scolarité au lycée décidée par le Président de la République. Le rôle de la Mission laïque française, acteur associatif historique, est conforté par la conclusion d’une convention avec l’Etat et d’un protocole avec l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger ;
Cet objectif correspond à l’objectif n°1 du plan Ecole du Royaume-Uni qui vise à accroitre de 1500 places l’enseignement français.
2. Mieux piloter la politique scolaire à l’étranger, avec une « cartographie de l’enseignement français à l’étranger », qui doit permettre d’élaborer une véritable stratégie de l’offre scolaire, et associer l’ensemble des partenaires français et étrangers de l’enseignement français dans le monde ;
Cet objectif correspond à notre tableau de bord. Etabli en amont du plan école, ce tableau nous a permis d’établir nos objectifs. J’avais demandé en mai 2010 à la réunion de pilotage du plan Ecole de systématiser le recours aux indicateurs pour anticiper nos besoins (lire : “Anticiper les besoins des Français du Royaume-Uni en matière d’enseignement” du 19 mai 2010). Cela s’accomplit grâce au groupe de travail sur les indicateurs qui améliore constamment ce tableau de bord.
3. Créer un nouvel instrument pour développer la présence éducative française dans le monde, avec la création d’un label « FrancEducation », qui sera délivré à partir de l’année scolaire 2011-2012 à une centaine d’établissements d’excellence étrangers. Ce label concernera les établissements qui, tout en maintenant l’éducation de leurs élèves dans les programmes du pays, souhaitent lui donner une dimension internationale en l’adossant au modèle éducatif français. Enfin, la France proposera aux bacheliers à l’étranger d’intégrer, dans les pays d’accueil et en France, les filières universitaires d’excellence créées par et avec les universités françaises.
Cet objectif correspond à l’objectif n°2 du plan Ecole du Royaume-Uni qui vise à développer l’enseignement bilingue. Puisque nous ne pourrons pas créer des écoles françaises aux quatre coins du Royaume-Uni, nous devons trouver une solution souple pour développer l’enseignement bilingue, si possible au sein même des écoles publiques anglaises. Rappelons que 70% des enfants français vivant au Royaume-Uni sont scolarisés en dehors du réseau scolaire français. Cette démarche qui s’incarne dans un label est destinée à leur offrir l’accès prochain à un enseignement bilingue à proximité de chez eux (lire : “Vers un label France pour encourager l’enseignement bilingue dans les écoles anglaises” du 11 janvier 2011)
Jean-Paul Rebaud, sous-directeur de la Diversité linguistique et du Français au ministère des Affaires étrangères et européennes, a été l’artisan de ce plan. Je sais combien il estimait l’action de Michel Monsauret, l’ancien conseiller culturel adjoint à Londres. Il m’avait confié que notre plan Ecole inspirait sa réflexion. J’avais découvert son projet de label «FrancEducation» lors du séminaire de Marcoussis, en septembre 2009, pour bâtir le plan d’Orientation stratégique de l’AEFE, Agence pour l’enseignement français à l’étranger. J’avais immédiatement soutenu sa démarche.
J’ai rendu hommage à son action à la tribune de l’Assemblée des Français de l’étranger le 11 mars dernier : « Ce label «FrancEducation» est un outil pour développer le bilinguisme à l’étranger. Je crois que c’est vraiment l’orientation d’avenir. Dans dix ans, vingt ans, parce qu’un jour, quelqu’un comme monsieur Rebaud était là, nous aurons certainement un grand réseau bilingue qui, je l’espère, ne coûtera pas grand-chose à nos finances publiques.»
Enfin, je n’oublie pas que ce résultat a pris sa source au séminaire de Marcoussis qui avait réuni tous les acteurs de l’enseignement français à l’étranger. Ce séminaire avait été remarquablement conduit par Anne-Marie Descôtes, directrice de l’AEFE. Je pense également au sénateur André Ferrand qui a initié dans une note le concept de plan école que je m’emploie à appliquer au quotidien. Sa vision est désormais partagée au plus haut niveau.
En plaçant l’avenir de l’enseignement français à l’étranger à l’ordre du jour du conseil des ministres, Alain Juppé démontre l’intérêt porté par les plus hautes autorités de l’Etat à un sujet de préoccupation majeur des expatriés. La mise en œuvre de ce plan revient à Anne-Marie Descôtes. Elle mérite notre plein soutien et tous nos encouragements.
Photo Flickr A.Juppé de Poland MFA
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