Tous les indicateurs du plan Ecole clignotent pour nous alerter de la “montée des cohortes jusqu’en 2017 pour tous les niveaux de scolarisation”, résume Laurent Batut, conseiller culturel adjoint, qui affine et recoupe constamment ses chiffres pour mesurer la “pression réelle” de la demande en matière d’enseignement français au Royaume-Uni.
Malgré le sentiment d’urgence, la dernière réunion du comité de pilotage du plan Ecole du 22 juin, sous l’autorité de notre ambassadeur, s’est déroulée dans une grande sérénité et une parfaite convergence de vues. Les parties prenantes ont fait le choix du réalisme et de l’honnêteté quant aux devoirs et aux possibilités de chacun, sans une once de démagogie.
Quelle est la situation ? Le nouveau collège (CFBL) de Kentish Town qui va ouvrir ses portes à la rentrée 2011 sera insuffisant pour absorber le flot des demandes. Il s’avère indispensable d’ouvrir un nouvel établissement secondaire à Londres d’ici 2013, véritable année charnière, selon Bernard Vasseur, proviseur du lycée Charles de Gaulle.
Il me semble que l’urgence du moment doit inciter l’ensemble des acteurs à redoubler d’audace et se mettre immédiatement en quête de locaux. Heureusement, personne ne discute le bien fondé de créer rapidement un nouveau site, tout en sachant que la contrainte immobilière risque de déterminer la nature même de l’établissement : création d’un collège (640 élèves) ou d’un collège/école primaire (1140 élèves) ou bien encore d’un collège/lycée (960 élèves). En réunion, tous les regards se sont portés vers le très efficace Frédéric de la Borderie, un des acteurs de la FEPT, structure destinée à faciliter les emprunts au Royaume-Uni pour l’immobilier scolaire qui vient d’intervenir avec succès à Bristol (lire : “L’école française de Bristol obtient la garantie de l’Etat pour acquérir un bâtiment” du 09 juillet 2011). On reproduira évidemment le montage financier original mis en oeuvre par la FEPT avec la garantie de l’Etat obtenue avec le soutien du sénateur André Ferrand.
Je rappelle que l’objectif n°1 du plan Ecole, lancé en juin 2008, visait à créer 500 places par an dans l’enseignement français. En juin 2011, nous étions au tiers du chemin avec 425 places (lire : “La capacité d’accueil au cœur des préoccupations de la 4ème réunion annuelle UFE du plan Ecole” du 26 mai 2011). L’ouverture du collège français bilingue (CFBL) en 2011, venant s’ajouter au lycée de Gaulle, et le projet de troisième établissement scolaire (à l’horizon 2014 vraisemblablement) constitueront un grand bon en avant.
Et ensuite ? Combien de places faudra-t-il encore créer à Londres ? Serions-nous entrés dans une véritable fuite en avant, d’autant que le nombre de Français expatriés ne cesse de croitre?
La réunion de pilotage du 22 juin dernier a eu le mérite de rappeler les règles du jeu au risque de surprendre certains de nos compatriotes.
Notre ambassadeur Bernard Emié a été limpide en déclarant que “la scolarisation dans les établissements français est une chance, mais n’est pas un droit, ni un dû“, ajoutant qu’en tout état de cause après l’ouverture du CFBL, “le nouveau projet fixe une limite. Il ne sera pas possible de reproduire cette opération une troisième fois à Londres ni couvrir l’ensemble du Royaume Uni d’écoles françaises”. En employant le terme de “cylindrage”, M. Emié a pris position vers une “nécessaire stabilisation” du nombre de places offertes dans l’enseignement français.
Le discours de Anne-Marie Descôtes, présidente de l’AEFE, Agence française pour l’enseignement français à l’étranger, fut tout aussi explicite et loyal. Si l’agence s’engage à soutenir le nouveau projet immobilier et fournir son expertise, elle ne peut indéfiniment étendre son réseau au motif qu’une “part importante des Français de Londres s’est sédentarisée, or la mission de l’Agence était de permettre la scolarisation des enfants d’expatriés temporaires”.
En remerciant Anne-Marie Descôtes de sa présence à Londres, j’ai rappelé dans le même esprit que près de 70% des Français vivant au Royaume Uni ne disposent pas de solution de scolarité française près de chez eux. Tout le monde ne vit pas aux environs de Londres.
Alors que faire pour résoudre la question de la scolarisation française ? Simplement se consacrer avec ardeur aux objectifs n°2 et n°3 du plan Ecole, soit multiplier le nombre d’établissements offrant un enseignement bilingue français-anglais au Royaume-Uni et favoriser le programme Flam.
Je rejoins parfaitement Laurent Batut qui préconise “des formes de scolarisation alternatives : Cned, filières bilingues” et Anne-Marie Descôtes qui cautionne “Le programme Flam et toutes les solutions visant à créer des filières bilingues” soulignant également le caractère alternatif de “ces instruments de rayonnement de notre enseignement”.
Par ailleurs, existe-t-il un meilleur moyen que les filières bilingues pour promouvoir la langue française chez nos amis britanniques, dont il faut aussi rappeler l’excellence de leur mode pédagogique ?
J’ai d’ailleurs mentionné que Alain Juppé venait d’annoncer la création du label «FrancEducation» pour valoriser, dès la rentrée 2011, les programmes partiellement dispensé en langue française dans les établissements étrangers, si ceux-ci se conforment à certains critères éducatifs (lire : “Un plan Ecole pour le monde, présenté au conseil des ministres” du 29 juin 2011).
Pour synthétiser, je reprendrai les termes de Laurent Batut en disant que “l’axe 2 du plan Ecole doit constituer le second pilier de notre réponse à la demande d’éducation des communautés françaises au Royaume Uni, mais aussi permettre de promouvoir la langue française par la création de filières bilingues.” Pour illustrer son propos, il a informé le comité qu’une réflexion était engagée avec le Cned afin de proposer une formule à la carte. Je m’étais tout récemment fait l’écho d’une offre innovante dispensée de ce service public d’enseignement à distance (lire : “10 places supplémentaires en seconde sont disponibles à Londres, grâce au Cned” du 13 juillet 2011).
Quant à l’axe 3, on ne peut que se réjouir de l’élan apporté par le programme Flam dans toute l’Angleterre. Une 39ème “Petite école du samedi” va ouvrir ses portes dans quelques semaines à Manchester (lire : “Ouverture d’une Petite école du samedi à Manchester” du 16 juillet 2011). Le comité a également félicité notre sénatrice Joëlle Garriaud Maylam, pour avoir obtenu 8000€ sur la réserve parlementaire afin de financer une méthode d’apprentissage du français pour les centaines d’enfants binationaux fréquentant les écoles Flam (lire : “Joëlle Garriaud-Maylam, tout feu tout FLAM” du 19 avril 2010).
En conclusion, je dirai qu’en cette période de choix cruciaux sur fond de limitations budgétaires, le Plan Ecole vient apporter des réponses à l’ensemble de la communauté. La réunion semestrielle du Comité de Pilotage est un gage indispensable du dynamisme de cette initiative. Chacun a pu constater que l’ambassadeur a fait preuve de perspicacité en voulant “institutionnaliser” le comité de pilotage en le restreignant aux personnalités légitimées par un mandat, dont les représentants des parents d’élèves (lire : “Première réunion du plan Ecole sous l’autorité de Bernard Emié, le 22 juin” du 16 juin 2011). Il paraît désormais nécessaire d’institutionnaliser le fonctionnement du plan école du Royaume-Uni avec toutes ses composantes afin de permettre à chaque volontaire de s’impliquer dans le développement de l’enseignement français au Royaume-Uni.
Lire le compte rendu de la réunion du 22 juin 2011 du comité de pilotage du plan Ecole
Photo Flickr de Intheozone
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