Le Times et Les Echos viennent de m’interroger simultanément sur l’état d’esprit qui règne dans les milieux d’affaires français dans l’optique d’une victoire socialiste au printemps. En 1997, installé depuis peu dans le Kent, j’ai vu affluer la vague des Indignés de l’époque contre le régime Jospin. Un millier d’entre-eux s’était exilé sous l’ère Jospin, comme le rappelle le Times pour illustrer mes propos sur l’insécurité fiscale.
Aujourd’hui, les conséquences négatives d’une victoire hypothétique de François Hollande s’étudient de plus en plus sérieusement chez les investisseurs, entrepreneurs ou cadres dirigeants situés en France. D’autant que Downing Street multiplie les signes pour les attirer.
L’UFE Corporate, branche créée au sein de l’UFE, Union des Français de l’étranger, au service de ceux qui entreprennent au Royaume-Uni enregistre une dizaine de coups de fils par mois d’entrepreneurs qui étudient l’option d’une relocalisation outre-manche. Afin d’y répondre, un pôle d’experts s’est constitué en son sein, il y a quelques jours (lire : “L’UFE Corporate souhaite bâtir un pôle d’experts, au service des entrepreneurs français” du 31 janvier 2012).
C’est un fait “de plus en plus de Français consultent” rapporte Nicolas Madelaine des Echos, en expliquant que ceux dont la fortune est faite iront plus volontiers en Suisse ou en Belgique, tandis que les cadres de haut niveau et les chefs d’entreprises seraient plutôt tentés par Londres et ses alentours.
Vous le savez, l’avantage est net au niveau des charges patronales et de l’impôt société, “et lorsque vous investissez jusqu’à 1 million de livres dans une PME, les incitations fiscales sont telles que vous êtes couverts à 75 % sur votre investissement”, explique Arnaud Vaissié dans les colonnes des Echos, ajoutant “qu’il n’y a ensuite pas d’impôt sur les plus-values de cession”. Les propos de M. Vaissié, président de la Chambre de commerce franco-britannique et co-fondateur du cercle d’outre-Manche, rejoignent ceux de Bruno Deschamps, lors du récent séminaire organisé par l’UFE Corporate à Ashford : “Les pertes en capital sont déductibles des impôts et les gains taxables”.
Président fondateur de Entrepreneurs Partners LLP, mais aussi président des conseillers du commerce extérieur de France au Royaume-Uni et administrateur de la Chambre de commerce franco-britannique, M. Deschamps était venu nous expliquer le dispositif de l’EIS, Enterprise Investment Scheme, qui permet de déduire jusqu’à 340k€ (300k£) de ses impôts en cas de perte en capital, contre 45k€ en France… et de conclure que beaucoup de citoyens britanniques s’étaient sentis pousser des ailes de business angel… (lire : “Conférence UFE Corporate (7) : Tout incite à financer les PME au Royaume-Uni” du 01 décembre 2011)
On dit que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il n’est donc pas surprenant que l’on me demande de rappeler ce qu’il s’est passé en 1997.
– Lire l’article “Fiscalité : Londres séduit les hauts revenus français” de Nicolas Madelaine, Les Echos du 09 février 2012
– Lire l’article “French businesses ready to pack bags for Britain” de Adam Sage, Times du 08 février 2012
Photo Flickr de Arimoore
1 Commentaire
Ceci donne à réflechir en effet car pas d’entreprises = pas de travail!
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