Gérard Depardieu a utilisé son droit de circuler librement au sein de l’Union européenne et de s’établir où bon lui semble.
Personne n’est fondé à porter un jugement sur une démarche personnelle, à commencer par le Premier ministre qui a qualifié son comportement de « minable ». Un jugement de pure démagogie qui ne rehausse pas sa fonction. L’acteur français s’est senti, à juste titre, insulté et il a répondu avec humour : “Minable, vous avez dit minable, comme c’est minable !”. Dans la foulée, il a décidé de renoncer à sa nationalité française. Je comprends son coup de sang.
L’occasion m’est donnée de vous dire que, malheureusement, je reçois de plus en plus de demandes d’information au sujet de l’abandon de la nationalité française. On me demande clairement quelle est la procédure à suivre. Des Français de l’étranger vivent mal d’être souvent stigmatisés en France. Certains quittent notre pays car ils ont le sentiment d’être spoliés par un Etat qui mène grand train à leurs frais. Ce gouvernement les insulte. Est-ce digne et approprié de la part des plus hautes autorités de l’Etat?
J’ai averti le consul général à Londres de la situation par courrier électronique, en juin dernier, suite à une lettre émanant d’une famille de trois Français ayant obtenu leur naturalisation britannique. Ils souhaitaient renoncer à la nationalité française, par l’intermédiaire de notre consul honoraire de Douvres, pour des “raisons politiques”.
Je respecte les motivations de chacun, mais l’idée que certains se sentent contraints de divorcer avec la nation française m’attriste profondément.
Damien Regnard, mon collègue à l’Assemblée des Français de l’étranger, élu de la circonscription de Houston au Texas, a posé une question orale sur l’abandon de la nationalité française de nos ressortissants vivant aux USA. Il avait besoin de précisions sur l’interprétation de l’article 23_7 du code civil, suite aux questions de quelques futurs ex-compatriotes.
Je vous joins la réponse de l’Administration, en date de vendredi dernier. Elle liste tous les cas de perte de la nationalité en rappelant que le demandeur doit apporter la preuve d’une nationalité étrangère et l’absence d’attaches familiales et professionnelles en France. Dans le cas de Gérard Depardieu, il sera interessant de voir si l’administration exige de lui qu’il cède ses activités professionnelles en France pour accepter sa perte de nationalité française. L’administration évoque également les conditions de déchéance de la nationalité par décret du Conseil d’Etat (art. 25 du code civil). En gros, il faut avoir été l’auteur de crime, d’acte de terrorisme ou de conspiration. Cette précision me semble utile depuis qu’un député socialiste a eu le mauvais goût de proposer d’étendre la déchéance de nationalité aux exilés fiscaux (lire : 121214 Question orale perte nationalité – fichier pdf).
J’ai écrit, ce jour, à Jean-Louis Borloo, député et président de l’UDI, ainsi qu’à Jean Arthuis, sénateur et vice-président de l’UDI, pour leur demander d’exercer un suivi sur le nombre de renoncements à la nationalité française. C’est un phénomène naissant qui mérite d’être observé.
Il semble désormais que la liberté chérie puisse en remontrer à l’amour de la patrie.
Photo Flickr de Jinod
2 Commentaires
Article interessant. J’habite en Angleterre depuis 1986, le gouvernement socialiste de l’epoque (et ceux d’avant) ayant ete incapables de fournir des ouvertures professionnelles aux jeunes de ma region (le Nord). Triste a dire, mais 26 ans plus tard, la situation est la toujours la meme au pays des ch’tis, et je ne regrette en aucun cas d’avoir fait le sacrifice de ma nation pour une vie nouvelle outre-Manche. Par contre, j’eprouve une grande rancune envers tout gouvernement ou ministre qui se permet de critiquer les francais de l’etranger pour manque de solidarite, ou de les prendre en ligne de mire pour une imposition qui ne leur est pas due. Comme beaucoup d’expatries, j’ai du prendre des risques et travailler dur afin de m’etablir a l’etranger. Je n’ai recu aucune aide du gouvernement francais et n’en demande aucune. Ce que je dois, je le dois a mon pays d’accueil. C’est dans mon pays d’accueil que je paie mes impots, c’est mon pays d’accueil qui me soutient quand j’en ai besoin. C’est un systeme equitable. Je serai l’un des premiers a demander la perte de nationalite francaise si ces messieurs de Paris me demandent des comptes. Il est grand temps que nos responsable se demandent pourquoi de plus en plus de citoyens talentueux quittent l’Hexagone. Ce n’est pas un manque de patriotisme mais bel et bien une carence au sein de l’organisation politique de notre pays. Ce probleme est celui des dirigeants francais vis-a-vis de ceux qui choisissent de rester au pays, pas le notre. Notre choix de dirigeants et de societe dans laquelle nous desirons vivre est deja fait depuis longtemps !
Bonjour,
J’ai profondément aimé mon pays, la France, pour son passé glorieux et pour les français tels qu’ils sont : râleurs, créatifs, inventifs, “démerdeurs” (le système D), la cuisine et… Leur façon de vivre propre à chaque région sous une même bannière et une même devise :
Liberté-Egalité-Fraternité.
Pourtant, après avoir fait plusieurs révolution et avoir décapité nombre de personnes dont un Roi et une Reine… La république n’a jamais vraiment été très respectueuse de cette devise. :
Ou est la liberté quand certains français se permettent d’aller coloniser d’autres pays ?… Qu’ont-ils fait les droits de l’homme ?
Ou est l’égalité quand certains français ont des droits et des privilèges qui sont refusés à d’autres ?
Ou est la fraternité quand ce pays se permet de fermer ses portes à des malheureux qui fuient leur pays en guerre ou incapables de leur donner les moyens de vivre décemment ?
J’ai beaucoup donné à ce pays, ma famille aussi :
1ère guerre mondiale, mes deux grands Pères ont fait Verdun,
2ème guerre mondiale mon Père a été prisonnier cinq ans en Allemagne.
Aujourd’hui retraité, avec une toute petite retraite après avoir durement travaillé toute ma vie, pris des risques en créant des entreprises, je vois et fais tout cet inventaire, écoute encore “par amusement” les discours et promesses des hommes politiques qui prêchent dans le vent le bonheur des français mais prêchent surtout dans le réel de leur réélection…
Je me sent de moins en moins Français et pense très souvent à renvoyer ma carte d’identité française au Président de la République pour lui dire que je n’en veux plus, que je ne suis plus français mais que je suis un être humain, libre (sans frontières) soucieux et respectueux de l’égalité et fraternel, prêt à aider mon prochain quel qu’il soit avec les seuls moyens dont je dispose.
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