Un rayon de soleil complice éclaira la scène lorsque que Bernard Masson s’avança devant la statue du général à Carlton Gardens.
Ce furent de belles minutes durant lesquelles Bernard a prêté sa voix pour lire l’Appel du 18 juin 1940.
Il rendait hommage à ces Français qui nous ont précédés, à ces combattants de la liberté, dévoués corps et âme à leur patrie, fidèles à leurs engagements jusqu’au sacrifice, dont nous ranimons le souvenir par reconnaissance.
Rappelons que Bernard Masson préside la section britannique de l’association des membres de l’ordre national du Mérite, une distinction née il y a cinquante ans exactement par la volonté du général de Gaulle pour récompenser les mérites militaires ou civils, rendus à la nation.
Notre ambassadeur, Bernard Emié, retenu en Irlande du nord pour le G8 ne pouvait être présent. Ceux qui participaient à cette cérémonie en 2011 se souviennent encore de sa phrase : “Je sais qu’en cet instant, tandis qu’en Lorraine émerge de la brume l’immense croix de “l’homme qui a dit non”, avec nous, les âmes de tous ses compagnons vibrent à l’unisson”. En mettant l’ordre national du Mérite à l’honneur cette année, Bernard Emié marque son attachement à l’idéal républicain et au Général de la plus belle manière.
J’arborais donc cette décoration que l’ambassadeur m’a remis en octobre 2011 pour déposer une gerbe au nom de l’AFE, Assemblée des Français de l’étranger. Anne Faure procédait au même rituel au nom de FAFGB, Fédération des associations françaises de Grande-Bretagne, dont elle est la nouvelle présidente, suivie par plusieurs représentants d’associations.
Premier décoré du jour, de la main du ministre conseiller, Antoine Anfré, le capitaine Duborgel fut fait chevalier de l’ordre national du Mérite. Le Flight Lieutenant Abson recevait ensuite la Croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze, suivi par le lieutenant de vaisseau Godelain décorée de la médaille OTAN de “l’Operation Unified Protector”. Enfin, M. Dubet (Association du Souvenir Français) recevait l’insigne de porte-drapeau.
Vers midi, au sein du lycée Charles de Gaulle, l’heure fut à l’inauguration de la vitrine dédiée aux “aviateurs Français Libres”. On doit cette superbe composition d’objets utilisés par les pilotes de la Seconde guerre au Yorkshire Air Museum, à l’initiative de la fondation de la France Libre, représentée au Royaume-Uni par Brigitte Williams.
Celle-ci prononça un discours pour remercier Ian Reed, directeur du mémorial des Forces aériennes alliées et le musée de York d’avoir collaboré à cette réalisation historique qui nous fait vivre, par procuration, le quotidien de ces chevaliers du ciel. Brigitte Williams rappela que deux escadrilles françaises libres avaient été créées par le général de Gaulle. Juste avant de les rejoindre, tandis qu’il servait dans la RAF, René Mouchotte nota dans son carnet : “Si le destin ne m’accorde qu’une courte carrière de combattant, je remercie le ciel d’avoir pu donner ma vie à la libération de la France”.
Au lycée toujours, on se souviendra de l’excellent discours républicain et historique prononcé par notre consul général, Olivier Chambard. Nous en retiendrons que nos valeurs républicaines ne sont pas quelques règles de savoir-vivre ensemble, mais des armes péniblement forgées par le marteau de l’Histoire. Le 18 juin fut un moment de vérité, comme il y en eu d’autres, parce que la France fut en péril. Qui se sent le dépositaire ultime de nos valeurs, interrogeait le consul en filigrane ? Qui est encore capable de se relever et galvaniser les autres, lorsque le sol tremble et le ciel vrombit, lorsque nos élites elles-mêmes ont renoncé et que s’entrechoquent toutes nos angoisses personnelles ?
L’après-midi se déroula à l’Institut français, où fut projeté “In Search of René Mouchotte”, un film de la BBC réalisé par Jan Leeming, relatant l’histoire héroïque de ce pilote de chasse qui a commandé l’escadrille Alsace en 1943 jusqu’à sa disparition en août de la même année. Puis, Ian Reed, directeur du musée de York, apporta des éclaircissements sur cette période et répondit à diverses questions.
Ce fut ensuite au tour de l’écrivain, Eric Simon, auteur du récent ouvrage “Londres, ballade au fil de la France Libre” de nous raconter l’histoire du quartier général des “Forces Aériennes Françaises-Libres”… établi au lycée Charles de Gaulle ! L’historien a précisé combien les Français de Londres aimaient se retrouver chaque week-end en ce lieu, où l’on profitait de l’instant présent sans savoir si l’on serait de la partie la semaine suivante… On s’amusait comme on pouvait et on buvait du vin d’Algérie qui s’échangeait à 5 pences la bouteille, une anecdote dont tous les Anciens se souviennent.
Cette cérémonie du 18 juin eut un écho intime et pénétrant pour l’un des participants. Il s’agit de Laurent Burin des Roziers, notre conseiller culturel. Son père, récemment disparu, a fait la guerre en étant parachuté en France en 1944 avant le débarquement. Nous le remercions d’avoir partagé ses souvenirs et son émotion au cours de son allocution.
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