Lire : l’HEBDOLETTRE n°104 – 19 juin 2018
Edito de l’HebdoLettre n°104
Bas les masques !
Pour ceux à qui cela aurait échappé, des pays nous font une guerre au quotidien dans le cyber-espace.
Nos sociétés numérisées et interconnectées sont très perméables aux actions massives et répétées de désinformation et de manipulation de l’opinion. Ces actions de propagande viennent de la part de grandes puissances ou de simples groupuscules, tels les djihadistes.
L’adoption de la Loi de Programmation Militaire par le Sénat, le 29 mai, a inclus ma proposition de prise en compte de “la manipulation de l’opinion publique par l’utilisation massive des médias numériques et des réseaux sociaux avec pour objectif l’altération du fonctionnement normal des institutions démocratiques”. Le doublement des crédits affectés à la cyberdéfense, par rapport à la précédente LPM (1,6 milliards sur 7 ans) doit nous donner les moyens de mieux répondre aux attaques.
Début mai, j’étais à Washington pour rencontrer des responsables du Pentagone, qui les premiers ont déclaré que les “fake news” constituaient la principale menace en termes de guerre hybride. Un mois plus tard, j’étais à Riga au centre d’excellence pour la communication de l’OTAN, pour prendre la mesure des menaces et des attaques que nous subissons en matière cyber.
La commission européenne vient de durcir le ton, comme jamais, en matière de cyber-sécurité. L’exécutif de l’UE a exhorté ses membres à blâmer publiquement les États responsables de cyber-attaques. Dans sa déclaration, le vice-président de la Commission, Andrus Ansip, a clairement encouragé les pays de l’UE à nommer (“to name names if they can”) les pirates dont ils sont la cible.
En guise de précédent, les États-Unis ne se sont pas privés de désigner la Russie comme l’auteur du piratage du parti démocrate, avant l’élection de Trump. Puis, ce même pays a été pointé du doigt par les Américains et les Britanniques lors d’une attaque massive d’entreprises majeures et de banques en Ukraine et en Europe, l’été dernier. Des centaines de milliers d’ordinateurs avaient été infectés par le logiciel malveillant NotPetya.
L’Europe de la cyberdéfense et de la cybersécurité reste à construire. Sur ce point la Commission européenne est parfaitement lucide, appelant au partage accru de renseignements et constatant que “l’absence d’un réseau de communications commun et sécurisé entre les institutions européennes est une lacune importante” (Lire : “Increasing resilience and bolstering capabilities to address hybrid threats“, rapport du 13 juin 2018).
N’attendons pas de vivre un 11 Septembre de la cyber pour apporter une réponse commune à ceux qui veulent miner les démocraties de l’intérieur. Découvrir l’HebdoLettre n°104
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