Le 11 février, la commission des Affaires sociales a procédé à l’audition de François Chérèque, inspecteur général des affaires sociales, faisant suite à la remise du rapport de la mission Igas sur l’évaluation de la deuxième année de mise en œuvre du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale (lire : 150212 CR-CAS-F-Chérèque).
Le plan regroupe sept thèmes (Accès aux droits et aux biens essentiels, travail et emploi, hébergement et logement…) autour desquels se déclinent 79 mesures. Le bilan est mitigé. Quelques bénéfices notables, notamment sur l’inclusion bancaire ou le surendettement, côtoient de nombreux points noirs, comme la construction de logements sociaux ou l’accès au travail et à la formation.
Notre pays consacre près de 40% de sa richesse nationale aux dépenses sociales. On estimait en 2012 que la forte redistribution de notre système social et fiscal permettait de réduire de 11 points le taux de pauvreté des personnes vivant au sein d’un ménage avec enfant et de 18 points celui des familles monoparentale. Et pourtant, ce taux stagne !
La pauvreté, c’est-à-dire le fait de vivre avec moins de 60% du revenu médian, soit 987 euros mensuels, concerne 8,5 millions de personnes dans notre pays, soit près de 14% de la population.
J’ai posé en ces termes ma question à François Chérèque : « On ne peut que constater l’étendue du plan que vous présentez, ainsi que les valeurs humanistes qui l’animent. Cependant, quel est l’impact de ces mesures sur le taux de pauvreté ? Avez-vous des exemples d’autres pays dont le taux de pauvreté a baissé, vérifiant ainsi l’efficience des politiques publiques ayant une telle ambition ? D’ailleurs, quel est l’objectif du taux de pauvreté à l’horizon de 2017 pour la France et quel serait alors l’évolution de notre classement dans l’Union européenne ? »
François Chérèque m’a renvoyé à l’annexe du rapport qui « contient une centaine de pages consacrées aux indicateurs » en me précisant que « les objectifs pour 2017 ne figurent pas dans notre plan ». Ce qui me parait important et qui est attendu par l’Union Européenne n’est toujours pas défini par le Gouvernement plus de 2 ans après le lancement du plan…
Ce qui m’a particulièrement frappé c’est la notion de pauvreté relative maniée par M. Chérèque. Il a calmement expliqué que la Grande-Bretagne et la France ont connu une baisse de leur taux de pauvreté du seul fait de l’abaissement du salaire médian et « non en raison d’une amélioration des conditions de vie des plus démunis ».
Cette analyse est confondante. Si l’on comprend bien : lorsque le pays s’appauvrit, le salaire moyen baisse et donc le taux de pauvreté baisse ; lorsque le pays s’enrichit et que le salaire moyen augmente, le taux de pauvreté, lui aussi, augmente mécaniquement !
Mais alors dans ces conditions, comment permettre aux électeurs de comprendre la pertinence des mesures engagées si le revenu de la classe moyenne doit baisser pour faire reculer la pauvreté?
Ce flou entretenu par la notion de pauvreté relative a fait émerger une politique publique incontrôlable et fourre-tout (79 mesures !) qui vise à l’égalitarisme.
Il me paraît urgent de définir la pauvreté en valeur absolue pour construire une politique sociale lisible.
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