C’est une longue histoire d’amour entre les Français et la ville d’Annaba. L’ancien lycée Pierre et Marie Curie fut le creuset de la culture française pour de nombreuses générations. Sabri Mêle, conseiller consulaire, conseiller AFE et président de l’UFE Annaba, qui m’a accueilli dans sa circonscription, est lui-même un ancien élève du lycée.
Fermé en 1993 durant la décennie noire en Algérie, l’ancien lycée français a laissé un vide dont les conséquences sont patentes : alors que 97% de la communauté française est binationale, il est inquiétant de constater que 70% des Français inscrits au consulat ont des difficultés à s’exprimer en français.
Les bâtiments à l’architecture mauresque qui abritaient le lycée ont retrouvé leur vocation pédagogique. Ils accueillent désormais les étudiants de l’Ecole préparatoire en sciences économiques (EPSE), un établissement sélectif qui prépare aux grandes écoles de commerce et de gestion. « L’Algérie a un besoin croissant de managers de haut niveau », m’a confié son directeur, le professeur Mahfoud Benosmane.
Dans ce pays où la moitié de la population à moins de 20 ans, la formation des cadres économiques est un enjeu crucial. Mais il serait dommage de perdre en route tout l’héritage culturel français.
Le grand rêve, « le rêve urgent », serait d’ouvrir un lycée français à Annaba. « Les expatriés ne veulent pas venir s’ils n’ont pas la possibilité de scolariser les enfants », m’a dit Sabri, en bonne logique. Il a d’ailleurs remarqué que les personnels administratifs mutés à Annaba étaient plutôt en fin de carrière, ce qui sous-entend que leurs enfants sont suffisamment autonomes pour ne pas les accompagner. C’est autant de dynamisme perdu pour la communauté française locale.
J’ai porté un message d’espérance à Sabri en lui faisant part de ma rencontre avec Bernard Emié, ambassadeur de France à Alger, qui projette à mettre en place un plan Ecole. Il envisage ainsi s’inspirer d’une méthode de travail qui a prouvé son efficacité au Royaume-Uni où il était précédemment en poste. Impliquant toutes les parties prenantes, ce plan viserait à élargir l’offre de scolarité à Alger et ouvrir deux lycées français, l’un à Oran, l’autre à Annaba.
Accompagné de Franck Simaer, dynamique consul général de France à Annaba, j’ai visité l’Institut Français, situé au centre-ville. David Queinnec, son directeur, ne ménage pas sa peine pour attiser le rayonnement français à Annaba. Son institut propose notamment des cours de langue française, précieux vecteur d’influence. Sabri m’avait prévenu que les locaux avaient « sérieusement besoin d’un rafraichissement, puisqu’ils n’ont pas été rénovés depuis 1987 ». En effet, David Queinnec attend impatiemment la rénovation prévue en 2016 qui va redonner du cachet à son établissement.
En attendant, le département de langues de l’Institut devrait pouvoir déménager vers un nouveau site dès cette année. Bonne nouvelle pour tous ceux qui sont attachés à l’enseignement du français.
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