En provenance de Lima (compte-rendu), premier déplacement en Bolivie accueilli par Hélène Roos (à droite), ambassadrice de France, que je remercie de l’excellence de son programme et de m’avoir fait l’honneur de m’accompagner à chaque étape.

Toute ma reconnaissance à Martine Veillard (à gauche), attachée de sécurité intérieure, de m’avoir accompagné en Bolivie, après le Pérou.

Dans ce pays, qui accueille l’ambassade, l’école et l’Alliance française les plus hautes au monde, notre travail de coopération conjugue réussite et reconnaissance, comme je l’ai constaté en particulier avec l’AFD et l’IRD.

Lutte contre le narcotrafic

Ministre de l’intérieur

Déjeuner à la Résidence de France organisé par Hélène Roos, ambassadrice de France, avec Eduardo Del Castillo Del Carpio, ministre de l’Intérieur ; Juan Carlos Alurralde, SG vice-présidence ; colonel Ismael Tito Villca Vargas, DG Force spéciale de lutte contre le narcotrafic ; colonel Edwin Pérez Mendieta, directeur national du renseignement ; et Martine Veillard, ASI.

Parmi les sujets de discussion, la coopération avec les entreprises françaises Airbus Helicopters et Thales qui leur permet de lutter contre le narcotrafic.

Les saisies de drogue augmentent de manière significative, bien que les aides financières de l’UE à leur action aient baissé.

En 2019, avant la Covid, 15 tonnes ont été saisies. Ce volume a été saisi en seulement 75 jours en 2024. À mi mai 24, ils en sont à 23 tonnes ; 17 avions saisis ; 9 laboratoires de chlorhydrate de cocaïne, 584 fabriques de pâte de coca et 20 pistes clandestines d’avions ont été détruites.

Une unité spéciale de l’antidrogue travaille à la saisie des biens des narcotrafiquants, y compris les comptes servant au blanchiment.

Il souhaiterait pouvoir saisir les petits avions qui n’utilisent pas leurs transpondeurs, s’il pouvait obtenir l’accord du parlement. Le ministre travaille à la création d’une police anti-corruption, ce qui marquerait un grand pas en avant.

Une loi est également en cours pour interdire une liste de plus de 100 produits chimiques venant de Chine, liés au trafic de drogue.

Nous partageons avec le ministre la nécessité d’une approche transnationale pour lutter contre le fléau du narcotrafic. Eduardo plaide pour une alliance latino-américaine.
Cette lutte coûte chère. 10 opérations pour la sécurité équivalent à un hôpital.

À l’issue d’un échange passionnant qui a duré près de deux heures, le ministre m’a proposé d’assister à une journée d’action des forces anti-drogue boliviennes dans la jungle amazonienne, dans le département de Cochabamba.

J’ai apprécié la lucidité d’Eduardo del Castillo face aux enjeux et je le remercie pour son intérêt et la confiance qu’il m’a témoignée. +d’images

Union européenne – ONUDC

Trois réunions m’ont permis d’évaluer la perception locale de la situation par des experts :

•⁠ ⁠Michael Dóczy, Ambassadeur de l’UE ;
•⁠ ⁠Troels Vester, représentant de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC)
•⁠ ⁠Gabriela Reyes, experte du narcotrafic, ancienne directrice de l’observatoire bolivien de sécurité citoyenne et de lutte contre la drogue.

Considérée sacrée par les ancêtres incas, la feuille de coca est légalement cultivée dans en Bolivie à des fins médicinales et traditionnelles.

22 000 hectares sont attribués légalement et destinés à la consommation traditionnelle qui permet de mâcher la feuille de coca.

En 2023, il a été recensé près de 30 000 hectares au total, soit près de 8000 hectares excédentaires qui vont au Narcotrafic. La Bolivie est considérée comme le troisième pays producteur de cocaïne, après la Colombie et le Pérou.

Pays enclavé, la Bolivie est un carrefour pour le transit de la cocaïne, en provenance principalement du Pérou voisin vers le Brésil ou le Paraguay, avant d’être exporté en Europe. +d’images

Diplomatie parlementaire

Sénat

Andronico Rodriguez, président du Sénat depuis 2020, m’a fait l’honneur de me recevoir. Élu de Cochabamba, originaire du Chaparé, fief de l’ancien président Evo Morales, Andronico est présenté comme le troisième homme du MAS (Parti de gauche au pouvoir) pour briguer la présidence de la Bolivie en 2025.

Notre discussion m’a permis d’apprécier le ton modéré et volontairement rassembleur entre les partisans du président Luis Arce et de ceux d’Evo Morales, afin d’éviter un duel fratricide l’année prochaine.

La veille, à la faveur d’un diner organisé à la résidence, je me suis entretenu avec deux sénateurs membres de l’opposition du groupe Comunidad Ciudadana : Rodrigo Paz, sénateur centriste, dont le père a présidé la Bolivie dans les années 1990, et Silvia Salamé, qui se présente comme indépendante.

Pour Rodrigo Paz, « la culture est une énergie renouvelable ». Chaque 25 mai, les processions « El Gran Poder » se transforment en défilés. Il existe 75 fraternités en Bolivie qui mobilisent 70 000 danseurs. Leur activité génère 100 millions de dollars qu’il souhaite protéger au travers d’un projet de loi.

La principale préoccupation des opposants est le respect de la démocratie et que les candidats du Mas n’entrainent pas la Bolivie sur le chemin du Venezuela en 2025. Je comprends leurs inquiétudes en observant que le Président Arce multiplie les déclarations favorables aux régimes de Pékin et de Moscou et qu’il organise un partenariat avec le régime des Mollah en Iran. +d’images

Coopération

Institut de recherche pour le développement (IRD)

Arrivé à La Paz dans la nuit, Hélène Roos, ambassadrice de France, nous a emmené de bon matin au lac Titicaca, en compagnie de Martine Vellard, attachée de sécurité intérieure.

Nous y avons retrouvé Valérie Verdier, Pdg de l’IRD, et des membres de l’IRD, dont Marc Pouilly, son représentant en Bolivie.

Plus haut lac du monde, à 3 812 mètres au-dessus du niveau de la mer, il est également navigable et fait le bonheur des touristes.

Présent en Bolivie depuis 1968, l’IRD est le seul établissement scientifique public français présent dans le pays.

13 chercheurs (français et boliviens) sont engagés dans des projets de recherche concernant la Bolivie parmi des thématiques diverses : variabilité et changement climatique ; écosystèmes terrestres à haute altitude ; biodiversité aquatique ; qualité environnementale ; santé…

Marc Pouilly est un chercheur passionné, dont les recherches portent, entre autres, sur l’écologie des communautés de poissons d’eau douce d’Amérique du Sud.

Lors de notre navigation sur le lac, il nous a présenté le projet pilote “Observatoire permanent du lac Titicaca” qui permet d’améliorer la lutte contre la pollution aquatique et le changement climatique.

Le sérieux de l’IRD a conduit le gouvernement bolivien à demander son appui scientifique et technique. +d’images

IRD – Parlement

Mon déplacement à La Paz s’est terminé comme il a commencé avec une séquence consacrée à l’Institut français de recherche pour le développement (IRD).

Le Parlement bolivien a manifesté sa reconnaissance juste et méritée à l’IRD, pour sa longue histoire et son importante contribution au développement de la science en Bolivie, à la protection des écosystèmes et à la construction de la résilience climatique, en pratique tout au long de la période sur le territoire de l’État plurinational.

La cérémonie s’est conclue par la remise d’un document officiel à Valérie Verdier, présidente de l’IRD, en présence de l’ambassadrice de France, Hélène Roos, de Marc Pouilly, directeur IRD Bolivie et de Guillaume Graff, AFD.

À l’issue des discours, j’ai salué cette reconnaissance officielle de l’action de l’IRD dont la France est si fière aux côtés de la sénatrice Silvia Salamé pour marquer notre volonté commune d’approfondir la relation bilatérale. +d’images

Agence Française de Développement (AFD)

Double rencontre avec l’AFD en Bolivie.

Tout d’abord un diner avec Alexia Levesque, directrice AFD Bolivie, Valérie Verdier, Pdg IRD et Marc Pouilly, directeur IRD Bolivie ;
Ensuite, une visite dans les locaux de l’AFD où j’ai été accueilli par Guillaume Graff pour une rencontre avec l’équipe.

Il m’apparaît important de financer les projets favorables à l’environnement et la sécurité alimentaire qui permettraient de favoriser le développement du pays et d’offrir une alternative plus rentable à la culture des champs de coca.

Le gouvernement bolivien prévoit un accès à l’électricité pour tous en 2025. L’AFD appuie ces efforts à travers de prêts pour la construction d’une des premières centrales solaires photovoltaïques dans le département d’Oruro ; pour la construction de deux parcs éoliens dans les départements de Santa Cruz et Tarija ; ou encore pour appuyer la politique publique de transition énergétique du pays.

L’AFD finance également des projets pour l’accès à l’eau et son assainissement, dont la construction d’une adduction d’eau potable de 27,5 km, pour acheminer l’eau depuis le barrage Misicuni jusqu’à l’agglomération de Cochabamba ; la construction de stations d’épuration et réseaux sanitaires à Cochabamba et l’assainissement du fleuve Rocha.

L’AFD a également financé des partenariats entre des Organisations Société Civile boliviennes et françaises sur des thématiques comme le développement rural et agricole, les droits de l’homme, la santé et l’autonomisation économique des femmes.

La Bolivie détient 34% des ressources mondiales en Lithium. Un soutien à la création d’une filière lithium permettrait au pays de contribuer au financement de son développement. +d’images

Communauté Française

Ambassade – Consulat

Hélène Roos, ambassadrice de France en Bolivie, a organisé deux séquences pour me permettre d’appréhender la présence française en Bolivie à la faveur de mon premier passage dans le plus haut pays du monde.

Petit déjeuner de cadrage en présence d’Isabelle Ryckebusch, première conseillère ; Christian Tison, Cocac ; Martine Vellard, ASI ; Guillaume Graff, AFD ; Iseult Ponchon, consule et César Pleignet, VI politique.

Une équipe très active pour dynamiser la coopération universitaire, promouvoir la francophonie et le plurilinguisme, accompagner les efforts du pays pour protéger l’Amazonie.

Dans un second temps, rencontre avec l’équipe de l’ambassade et visite des différents services.

Madame l’ambassadrice m’a permis de m’adresser à chacun d’entre eux.

Appuyée par 4 consuls honoraires, Iseult Ponchon et son équipe travaillent au quotidien en faveur des 1200 compatriotes installés en Bolivie, dont près de la moitié résident à La Paz. +d’images

Association de Solidarité française (ASF)

Présidée par Jean-Louis Valot, l’ASF est une association de droit bolivien née en 2005. C’est également une OLES (organisme local d’entraide et de solidarité), subventionnée par l’ambassade.

Elle a pour but d’assister et de venir en aide à la communauté française résidente en Bolivie ainsi qu’aux Français de passage.

Parmi ses activités, elle organise des rencontres entre Français et d’activités sociales, en particulier sur son terrain de pétanque le plus haut du monde, où se retrouvent les copains d’abord. +d’images

Enseignement

Collège Franco-Bolivien

Visite du lycée français le plus haut du monde effectuée par le proviseur Olivier Rubiera et la conseillère principale d’éducation, Anne Robert, en présence de Christian Tison, Cocac.

Le lycée scolarise 937 élèves dont 116 en maternelle, qui bénéficient d’une cuisine adaptée à leur taille pour développer les talents culinaires en herbe et d’un mur d’escalade, auquel je n’ai pu résister.

Les infrastructures sportives, qui comprennent une salle d’escrime, s’étalent dans un cadre environnement somptueux. Les salles de classes réparties par niveaux dans des bâtiments hexagonaux offrent un cadre idéal pour faciliter les échanges entre élèves.

Seule ombre au tableau, la Bolivie connaît actuellement une grave crise de devises. Non seulement il est très difficile techniquement de procéder à des transferts, mais le taux de change comme la commission bancaire sont très élevés.

Or, le lycée doit reverser à l’AEFE, en euros, une part des salaires des détachés au taux de 53%, auxquels s’ajoute une contribution à hauteur de 6% des frais de scolarité.

J’ai promis de soutenir l’intervention de l’ambassadrice Hélène Roos auprès de l’AEFE, pour que des aménagements soient apportés par l’Agence afin de prendre en compte cette situation particulière. +d’images

Culture

Alliance française

Créée il y a 75 ans, l’Alliance française de Bolivie a des infrastructures à La Paz, dont le bâtiment visité, construit il y a 20 ans.

En l’absence du directeur Eric Compan en congés, l’équipe de l’Alliance française, conduite par sa présidente Natalie Renjel, m’a organisé une visite en présence de Christian Tison, Cocac.

800 à 1000 élèves apprennent le français chaque année dans cette Alliance, dont 350 actuellement. Après une baisse de fréquentation durant la pandémie, l’AF a retrouvé ses chiffres de 2019 depuis cette année.

Afin de favoriser la francophonie en Bolivie, 40 assistants de langues boliviens vont partir 6 mois en France.

Merci à la présidente et aux membres de l’AF pour leur chaleureux accueil et ce déjeuner à proximité chez le fameux Ludo. +d’images