Dès mon arrivée, Patrick Maisonnave, ambassadeur de France en Grèce, m’a accueilli à l’ambassade pour une réunion de cadrage, pour mon second déplacement à Athènes trente mois après mon premier passage.
Nous nous sommes retrouvés le lendemain à la fin de mes entretiens pour faire le point sur mes impressions tirées de mes visites et rencontres.
Je le remercie pour ses multiples attentions qui m’ont permis d’exercer ma mission dans des conditions idéales.
Politique
Rencontres passionnantes avec deux députés de la Nouvelle démocratie, au parlement hellénique en présence de Nikola Guljevatej, deuxième conseiller : Tasos Chatzivassiliou (à droite), secrétaire de la commission de Défense Nationale et des Affaires étrangères, et Theodoros Roussopoulos (à gauche), membre de la commission des Affaires économiques, ancien ministre d’État et porte-parole du gouvernement de 2004 à 2008.
Les deux parlementaires ont avant tout tenu à souligner leurs difficultés du fait de l’attitude agressive de la Turquie qui multiplie les provocations, en pratiquant régulièrement des incursions par bateau ou par avion en territoire grec.
Depuis cet été, le gouvernement turc laisse passer chaque jour 700 à 800 migrants sur des embarcations de fortune, qui ont pris parfois un simple vol pour Istanbul depuis un pays africain.
L’ile de Lesbos qui compte d’ordinaire 20.000 habitants doit gérer la présence de 14.000 migrants. Sur l’ile de Samos, les 7000 habitants doivent cohabiter avec 7000 migrants, soit 1 migrant pour 1 habitant.
Tasos Chatzivassiliou et Theodoros Roussopoulos veulent alerter les parlementaires européens sur cette situation afin que l’Union européenne se donne les moyens d’endiguer ce phénomène dramatique.
Les deux députés sont également revenus sur le projet de permettre aux Grecs de l’étranger d’élire 3 députés pour les représenter au Parlement hellénique, en votant depuis leurs consulats et ambassades.
Nous avons également évoqué le contexte des Balkans occidentaux. Ils regrettent que la France n’ait pas récompensé la Macédoine du Nord pour ses efforts en lui refusant la possibilité d’ouvrir les négociations d’adhésion à l’UE. +d’images
Dans la capitale grecque, j’ai participé au congrès ALDE (Alliance des libéraux démocrates européens) qui constitue l’opportunité de côtoyer des personnalités politiques européennes de premier plan, comme le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel.
Son charisme et les avancées qu’il a enregistrées pour son pays me convainquent que l’Europe gagnerait à le voir un jour à la tête de l’UE.
J’ai eu le privilège d’échanger avec Judith Pallares Cortés, ministre de la Fonction publique et de la simplification administrative de la Principauté d’Andorre. Ce fût l’occasion d’évoquer la progression des travaux d’aménagement de la route qui mène de France à Andorre et de discuter avec nos amis représentants du Parti libéral d’Andorre.
J’ai retrouvé de nombreux parlementaires européens dont Nicola Beer du FDP ou encore Ilhan Kyuchyuk, membre bulgare du Parlement européen. Ilyan a été réélu parmi les vice-présidents de ALDE en obtenant le plus de voix. J’avais eu le plaisir de participer à conférence ALDE qu’il avait organisée à Sofia en avril 2018 (compte-rendu).
Je remercie David Hartlapp, représentant en France du parti allemand FDP, d’avoir à nouveau représenté l’UDI à mes côtés lors d’un événement ALDE. +d’images
Entrepreneuriat
Entretien à la chambre de commerce et d’industrie France-Grèce avec Laurent Thuillier, président, et Catherine Manali, directrice.
Dans le prolongement de ma rencontre avec Laurent à Paris, en juin dernier, mon action prioritaire pour la Grèce est de concrétiser le projet d’événement de la chambre avec l’appui du Sénat. Il s’agit d’une conférence sur le thème « investir en Grèce » qui se tiendra à Paris en début d’année 2020. Le nouveau gouvernement grec y sera représenté par plusieurs ministres pour éclairer les investisseurs sur les réformes engagées favorables aux entreprises.
Créée en 1885, la CCI France-Grèce compte plus de 330 membres. Le retrait envisagé de Business France de Grèce constitue une opportunité pour la chambre d’élargir l’éventail de ses services.
Plus que jamais, cette CCIFG se révèle un catalyseur de la relation bilatérale France-Grèce. +d’images
Réunion d’entrepreneurs et de décideurs économiques à la Résidence de France, présidée par Emmanuelle Boulestreau, chef du service économique, en présence de Nicolas Croizer, Premier conseiller, Anne-Marie Fanouraki, service économique, David Hubert-Delisle, directeur régional de Business France, Thalia Yannopoulos, Business France et de chefs d’entreprises suivants :
– Mme Gisèle Urquia – présidente CCEF – membre du conseil CCIFG – CEO d’ALD
– Mme Maria-Christina Chatzinikolaou– manager Air France – membre du conseil CCIFG
– Mme Catherine Manali – directrice CCIFG
– M. Frédéric Fouilloux – CEO Servier – vice-président des CCEF
– M. Yannick Joussaud – manager Suez – membre Conseil CCIFG
– M. Alexandros Vassilikos – président de l’Association des Hôteliers de Grèce – CCEF
– M. Eric Tourret – DCEO CEPAL SA
– M. Laurent Thuillier – DCEO Groupama Asfalistiki – président de la CCIFG – CCEF
Les progrès accomplis depuis le début de la crise de la dette souveraine sont substantiels. Le budget de l’État est passé d’un déficit de 15,1% du PIB en 2009 à un excédent en 2018 de 1,1% du PIB, pour la troisième année consécutive. Il faudra 3 à 5 ans pour dire que le pays est sorti d’affaires.
La Grèce a besoin d’être soutenue par des partenaires structurés pour se remettre en marche. Voilà pourquoi la France qui a su accompagner la Grèce pendant la crise doit être au rendez-vous pour l’aider à se relancer. L’attentisme serait une erreur stratégique, d’autant que d’autres pays se pressent désormais pour y investir : Etats-Unis, Allemagne, Chine ou Japon.
Plus de 80 ouvrages d’infrastructures sont en cours de réalisation ou en procédure d’appel d’offres, pour un montant global d’environ 20 milliards d’euros. L’accélération des privatisations, au programme du nouveau gouvernement, devrait également permettre des investissements privés supplémentaires.
A noter que la Grèce constitue déjà notre second excédent commercial dans l’UE, après le Royaume-Uni. Le forum de la CCIFG consacré à l’investissement en Grèce, prévu à Paris, arrive donc à point nommé, en souhaitant qu’il constitue un déclic pour nos entreprises. +d’images
Communauté française
Petit-déjeuner à la Résidence, consacré aux affaires consulaires présidé par Céline Pendaries, Consule de France, en présence de Nicolas Pantaleon, agent en charge des Affaires sociales, et des conseillers consulaires Nelly Müller, Basile Delivorias et Françoise Deschamps (également présidente de l’UFE locale).
Après 4 années de relative stabilité, le nombre de nos compatriotes enregistrés connaît une nouvelle baisse qui s’élève à 4,67%. Plus de la moitié (52%) des personnes enregistrées sont des double-nationaux.
Le nombre de touristes français visitant la Grèce a atteint un record de 1.524.000 en 2018, ce qui place la France au 4ème rang derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie. Ceci n’est pas sans conséquences. Plus de 3000 dossiers de Français en difficulté sont traités par la section consulaire d’Athènes, sans compter les innombrables cas solutionnés par de simples échanges téléphoniques.
Nous sommes aussi revenus sur la situation de nos 2700 compatriotes affectés par la faillite de Thomas Cook en septembre.
À Rhodes, l’an dernier, j’ai pu observer le travail inouï d’Aliki Moschis-Gauguet, consule honoraire, confrontée à des situations d’accident, d’hospitalisation ou de décès de compatriotes. Nous avons exprimé toute notre gratitude à nos 17 consuls honoraires, relais précieux et efficaces auprès des autorités locales.
Nous avons également évoqué les conséquences pour l’activité consulaire induite par la GPA, autorisée en Grèce. C’est une activité lucrative pour les cliniques locales qui n’hésitent pas à prospecter les clients en France. L’augmentation constante des demandes de transcription d’actes de naissance d’enfants nés d’une GPA auprès du consulat démontre que l’offre rencontre la demande.
Ce sujet reviendra sûrement dans nos débats au sénat début 2020, lorsque nous aurons à voter le texte autorisant la PMA.
Le taux de chômage qui reste très élevé (17% de la population active) suscite des inquiétudes pour la partie de nos compatriotes dont la situation professionnelle reste fragile.
J’ai particulièrement apprécié la cohésion de notre communauté française qui repose sur l’action combinée des associations, des acteurs de l’enseignement, des consuls honoraires et des élus consulaires. Ces derniers sont formidablement impliqués et jouent un rôle déterminant pour préserver notre dispositif local d’aides sociales.
Je salue enfin la mémoire d’Hervé Leboucher, conseiller consulaire, qui avait participé à un rendez-vous de cette nature lors de mon précédent déplacement (compte-rendu). Sa disparition ne saurait faire oublier l’immense travail qu’il a accompli pour nos compatriotes en Grèce, associé à de nombreux engagements collectifs : AFE, FAPEE ou CCE. Nous avons eu une pensée émue à son égard. +d’images
Enseignement français
École Française d’Athènes (EFA)
Visite de l’école française d’Athènes (EFA), centre de recherche en sciences humaines dont la mission est d’étudier la Grèce dans son contexte balkanique et méditerranéen, de la préhistoire à nos jours.
À cette mission s’ajoute celle de former de jeunes chercheurs en leur offrant l’accès au terrain et aux sources.
L’EFA, c’est un pôle de recherche de 70 collaborateurs, une bibliothèque de plus de 94 000 ouvrages et une dizaine de chantiers de fouilles prestigieux en Grèce, Albanie et à Chypre.
Fondée en 1846, l’EFA essaie toujours se réinventer pour exercer ces missions. En regardant son bâtiment, les initiatives déployées et l’enthousiasme de ses occupants, on se surprend à penser que cette dame de 173 ans n’a pas pris une ride. +d’images
Culture française
J’ai saisi l’opportunité de revenir à l’Institut français de Grèce qui abrite la chambre de commerce et d’industrie France-Grèce pour apprécier le résultat des travaux engagés.
J’ai été accueilli par Patrick Comoy, Conseiller de coopération et d’action culturelle et directeur de l’Institut français de Grèce, Yahia Tnina, secrétaire général, Nikola Guljevatej et Laurent Thuillier.
Les travaux d’étanchéité ont été entièrement pris en charge par la DIL (ministère des Affaires étrangères) pour un montant de 137.000 euros.
Un cycle d’événements culturels sera mis en place en 2020 pour valoriser l’endroit qui bénéficie d’une vue imprenable sur l’Acropole et brasser les publics de l’Institut.
Les équipements de l’auditorium ont été renouvelés : un système de traduction et écouteurs, du matériel de vidéo-projection, des caméras, du matériel audio, un pupitre avec technique…le tout pour un coût total de 50.000 €. C’est aujourd’hui une salle en pointe, au plan technique, à Athènes.
Enfin, la médiathèque compte 1472 personnes inscrites, soit l’équivalent du nombre d’abonnés d’une bibliothèque municipale de taille moyenne.
Les idées se bousculent pour augmenter la fréquentation de l’Institut que le public soit physique ou numérique (offre de médiathèque en ligne), au travers d’événements classiques (présentations littéraires…) ou plus inédits (présentation de jeux vidéo durant le “Novembre Numérique”). Lors de ma visite, j’ai pu voir l’auditorium en pleine activité pour présenter la collection d’un éditeur grec qui vient tout juste de traduire et publier les œuvres de Proust en grec.
Félicitations à toute l’équipe de l’Institut pour leur engagement et leur activité qui s’autofinance désormais à 83%. +d’images
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