J’adresse toute ma reconnaissance à Charles Fries, ambassadeur de France en Turquie, pour la qualité de l’agenda dont j’ai profité à Istanbul, puis à Ankara.
Ce fut l’opportunité d’apprécier les diverses facettes de notre action consulaire en faveur de nos compatriotes et les nombreuses coopérations bilatérales engagées par notre diplomatie.
Mes échanges avec les parlementaires turcs m’ont apporté une vision nuancée et contextualisée de la situation intérieure du pays par rapport aux informations qui nous parviennent à travers la loupe grossissante des médias.
Rappelons que la Turquie héberge 3 millions de migrants qui sont traités par le système de Santé sur un pied d’égalité avec la population turque.
La Turquie fut le 58ème pays que j’ai visité au cours de mon mandat.
Communauté française
Les équipes d’Ankara et d’Istanbul sous l’autorité de notre ambassadeur de France, Charles Fries, m’ont préparé un programme de haute facture permettant de brasser tous les sujets d’importance.
Des responsables de l’ambassade m’ont accompagné lors de mes 19 visites, entretiens ou réunions de travail, durant ces quatre journées passées en Turquie, pays complexe et passionnant, situé à la charnière de l’Europe et de l’Asie.
L’antenne consulaire est située dans l’enceinte de l’ambassade de France à Ankara. J’ai visité les lieux en compagnie de Christophe Hemmings, consul, qui m’a présenté “l’équipe visas”, constituée de 16 personnes.
Le nombre de Français inscrits sur le registre consulaire a bondi de 2000 à 3100 en 2016. Cette brusque augmentation est la conséquence du coup d’état de l’an dernier. Les binationaux rentrés en Turquie ont senti la nécessité de s’enregistrer. Cette tendance prudentielle se poursuit.
Le consulat est également amené à travailler sur les dossiers des “revenants de Syrie” qui sont emprisonnés ou placés en rétention administrative lors de leur passage en Turquie. L’excellente coopération avec les autorités turques nous permet de préparer les conditions de leur retour en France, afin qu’ils soient présentés à la justice dès leur arrivée sur notre territoire.
L’équipe consulaire est également en charge du traitement des demandes d’asile des réfugiés. Ainsi, la France a facilité l’accès à son territoire de 816 réfugiés syriens depuis mai 2016. Nous sommes le troisième pays d’accueil après l’Allemagne (4200), les Pays-Bas (1200) et devant la Finlande (400).
Politique
Rencontre avec trois parlementaires
A la faveur de mon premier déplacement dans la capitale turque, j’ai eu trois entretiens privilégiés avec des députés appartenant à l’AKP (parti du président Erdogan) et de l’opposition, en compagnie de Marc Ivarra, premier secrétaire à l’ambassade.
Le premier entretien avec Mme Gülsün Bilgehan, députée CHP (centre gauche) s’est tenu à l’ambassade de France.
Les suivants se sont déroulés à la Grande Assemblée nationale de Turquie avec Mme Serap Yasar, députée AKP d’Istanbul et présidente du groupe d’amitié France-Turquie, puis avec M. Mehmet Kasim Gülpinar, député AKP, président de la commission d’harmonisation UE-Turquie.
A l’heure où l’emprise du président Erdogan sur le pays se fait chaque jour un peu plus pesante, il était opportun d’échanger avec les parlementaires.
Aucun ne souhaite abandonner la perspective de faire adhérer son pays à l’UE.
Les partisans du président déclarent que l’UE ne voudrait pas recevoir la Turquie en son sein. Ils déplorent le comportement de certains pays européens suite au coup d’état et le fait que nous ne prenions pas suffisamment en compte la lutte contre le PKK.
Lorsque j’ai indiqué que l’évolution politique du pays proposée par M. Erdogan me paraissait en contradiction avec l’idéal démocratique européen, ses partisans m’ont rétorqué que c’était lié à des malentendus et des incompréhensions.
Pourtant, le 14 juin, Enis Berberoglu, député du CHP a été condamné à 25 ans de prison pour espionnage parce qu’il aurait été à la source d’un article divulguant une vidéo sensée prouver l’acheminement d’armes en Syrie par les services de renseignement turcs en janvier 2014.
Ce sont les choix de la Turquie qui déterminent si elle s’éloigne ou se rapproche de l’UE.
Ma démarche se voulait positive, car je crois que l’UE et la Turquie ont besoin réciproquement l’un de l’autre. Nous détourner de la Turquie renforcerait dans leurs convictions les personnalités turques qui prônent le repli du pays sur soi.
Il y a une grande part de la population qui est démocrate et progressiste. Les purges qui ont suivi le coup d’état créent un malaise palpable au sein de la population et nous ne pouvons ignorer ou minimiser cette situation. Mais nous devrions également être plus attentifs et mieux exprimer notre solidarité lorsque les Turcs sont victimes d’attentats.
Il nous faut reconnaître et saluer l’action positive de la Turquie à l’égard des réfugiés syriens. Une politique qui a permis de fixer sur son sol quelque trois millions d’entre-eux qui sont traités avec une grande humanité.
Nous devons aussi nous féliciter de l’excellente collaboration des autorités turques avec nos services de sécurité en matière de lutte contre le terrorisme.
Si notre enjeu est de vivre dans un monde en paix, nous ne retrouverons pas la paix au Moyen-Orient sans la participation active de la Turquie.
Ces entretiens m’ont convaincu que nos deux pays ont, plus que jamais, besoin de se parler et de cultiver un respect mutuel. C’était l’état d’esprit des députés que j’ai rencontrés. Je leur exprime toute ma gratitude.
Migrants
Visite du centre communautaire WGSS « Women and Girls Safe Spaces », financé par le Fonds des Nations Unies pour la Population, ainsi que par l’Union Européenne.
Dédié à l’accueil des femmes réfugiées, principalement en provenance de Syrie ou d’Irak, le centre dépend du ministère turque de la Santé et accorde exactement les mêmes services que ceux qui sont offerts aux femmes turques. Les échanges se font en arabe pour dépasser la barrière de la langue.
Une assistance psychologique est prévue pour les femmes ayant souffert de violence physique, sexuelle, psychologique ou de privation arbitraire de liberté. Les prestations de santé concernent également la maternité, la sexualité ou l’accès gratuit à la contraception.
Il y existe trois centres équivalents situés à Ankara. La Turquie accueille trois millions de réfugiés syriens. Seuls 10% des réfugiés vivent dans des camps.
Un plan prévoit la mise en place de 700 centres médicaux dans tout le pays, afin d’éviter l’éloignement pour l’accès aux soins.
Une représentante du ministère de la Santé a répondu à mes interrogations, aux côtés du représentant des Nations Unies, en soulignant que tous les services étaient gratuits. Un point qui est partout rappelé pour inciter les femmes à venir librement et en toute confiance.
J’ai été impressionné par la qualité de l’offre proposée et la méthodologie employée pour que les réfugiés soient intégrés au système de santé local, sans faire de différence avec la population turque.
Enseignement
Le lycée français Charles de Gaulle, établissement en gestion directe de l’AEFE, fait le plein avec 900 élèves.
Doté d’infrastructures récentes, l’établissement travaille avec constance pour faire face aux problématiques de sécurité.
Les résultats au baccalauréat, oscillant entre 95 et 100%, reflètent l’excellence pédagogique recherchée par les parents.
Une fois n’est pas coutume, j’ai découvert dans la cour de récréation, un jeu d’échec géant financé par les parents d’élèves.
Je remercie le proviseur Joël Hardeman d’avoir organisé une réunion avec son équipe de direction, des représentants des parents d’élèves et des enseignants. Ils forment un groupe soudé prêt à relever tous les défis pour le plus grand bienfait des enfants.
Culture française
L’Institut français d’Ankara a fait peau neuve et brille désormais dans son nouvel écrin de design et de lumière sur 1600 mètres carrés, au cœur du quartier de Yıldız. Nous devons cette métamorphose aux talents conjugués de Gül Güven, remarquable architecte turque qui a dessiné le bâtiment et de Constance Guisset, jeune designer française, déjà très reconnue, qui a conçu le mobilier de l’espace d’accueil, de la boutique et du restaurant.
J’ai visité l’espace en compagnie de François-Xavier Adam, directeur adjoint, et rencontré l’équipe de la médiathèque qui gère un fonds enrichi.
L’Institut organise en moyenne une quarantaine de manifestations par an dans le domaine du spectacle vivant et des arts visuels. Il travaille depuis de nombreuses années avec des partenaires incontournables de la vie culturelle, universitaire et associative ankariote.
À la programmation hors les murs viennent s’ajouter des rendez-vous culturels hebdomadaires in situ à Yıldız.
L’offre de cours, très variée et destinée à tous les publics, se décline dans six salles de classe, toutes spacieuses, équipées en outils multimédia et baptisées chacune du nom d’un écrivain français.
Les étudiants sont également accueillis dans l’antenne de Kızılay qui comprend 8 salles de classe.
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