Quelle est la première communauté française hors d’Europe ? Celle de Montréal que l’on estime au bas mot à 100.000 ressortissants. Le nombre d’inscrits au consulat s’élève à 57400. Il a progressé de 91% depuis 2001.
La culture française est consubstantielle à la culture québécoise et l’enseignement français fait l’objet de toutes les attentions dans la Belle Province. J’ai visité, le 23 janvier dernier, le collège international Marie de France et le collège Stanislas, deux établissements conventionnés avec l’AEFE qui scolarisent près de 5000 enfants de la maternelle au baccalauréat.
J’ai appris par les services de Bruno Clerc, consul général de France à Montréal et Michel Clercx, consul général adjoint, qu’une partie de l’élite québécoise a été formée dans ces deux lycées : le premier ministre actuel, Philippe Couillard est un ancien élève de « Stan », tandis que la ministre de l’immigration du Québec a fréquenté Marie de France.
L’année scolaire 2014-2015 marque les 75 ans du Collège international Marie de France. Ayant ouvert ses portes en 1939 avec une douzaine de jeunes filles en réaction à l’enseignement catholique, le CiMF compte un millier d’élèves dans le secondaire et 800 autres en primaire. Ces élèves sont pour moitié canadiens, tandis que les Français représentent un tiers des effectifs.
Cela étant, le proviseur Régis Raufast aime rappeler qu’il brasse 64 nationalités. Pour l’anecdote, seul un élève a raté son bac l’an dernier.
L’accord France-Québec, en vigueur depuis 2008, prévoit un financement qui se divise en trois : 31% à la charge du Québec, 24% à la charge de la France et enfin 45% qui incombent aux familles. A noter que l’école ne paie pas de loyer, les bâtiments appartiennent à la France.
Régis Raufast envisage d’ouvrir un 3ème établissement, conforté par une longue liste d’attente. Le proviseur déplore toutefois une déperdition de 45% de ses élèves, en fin de seconde, qui rejoignent un des 48 Cegeps du Québec, établissements publics qui offrent des formations techniques et préuniversitaires et qui délivrent le DEC, l’équivalent québécois de notre baccalauréat.
De plus en plus de familles font le choix du système local et les jeunes Français quittent donc en masse le réseau français vers l’âge de 16 ans.
Cette concurrence locale n’épargne pas le collège Stanislas, né en 1938, qui occupe deux sites : Montréal (2535 élèves) et Québec (425 élèves). Les Français représentent 25% des effectifs et les binationaux, 40%. Tout en préparant « aux préalables exigés par les instituions québécoises d’enseignement supérieur », dit Philippe Warin, son proviseur, l’école mise beaucoup sur l’épanouissement des élèves, notamment par un service à la vie étudiante qui favorise la création de projets et d’activités dans les domaines artistique, communautaire, culturel et sportif.
Pour ce faire, l’état Québécois verse 6000$CN/an par élève (env. 4300€), tandis les familles apportent une contribution de 4500$CN.
On salue l’implication financière de l’Etat Québécois dans nos deux établissements. A noter qu’on étudie 300 demandes de bourses (2/3 en provenance de Stanislas et 1/3 Marie de France).
Après le lycée, 90% des élèves restent à Montréal et 95% au Canada pour intégrer une université. Il faut dire qu’il y a près de 13.000 étudiants français inscrits dans les neuf universités de Montréal. Entre 2006 et 2012, les inscriptions de nos compatriotes ont bondi de 77%. A l’inverse, les universités françaises ont une faible attractivité sur les étudiants québécois (1400 étudiants répertoriés….).
Au Québec, le rayonnement culturel français est si présent qu’il n’y a pas besoin d’institut culturel, ni d’alliance française ! On trouve néanmoins, l’Union Française, créée il y a 129 ans, par Victor Ollivon.
L’Union bouillonne de projets par la voix de son président Cédric Dumoulin : elle aimerait renforcer son rôle d’accueil des immigrants, en réaffectant un étage de sa bâtisse à la location de chambres, elle voudrait installer un incubateur d’entreprises, multiplier les événements culturels et, le gros morceau, rénover son bâtiment. Les travaux de mise aux normes exigent 1,5M$, tandis que les agrandissements souhaitables requièrent 5,5M$, m’a précisé Jean Isseri, le trésorier et administrateur.
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