Venez comme vous êtes ! Ce slogan publicitaire, récemment affiché par une célèbre chaine de hamburgers, illustrerait parfaitement la souplesse du marché du travail anglais, dans l’esprit et la pratique.
Tous les participants de la table ronde consacrée à l’emploi, lors de la conférence UFE Corporate à Ashford le 20 octobre dernier, étaient à l’unisson pour considérer le Royaume-Uni comme une terre d’élection pour l’égalité de chances au plan professionnel.
On considère chacun pour ce qu’il est, résume Guillaume Dufresnes, président du centre Charles Péguy. En sachant “respecter et mettre en valeur les différences sociales entre les humains”, l’économie britannique tire profit de cette diversité en même temps qu’elle “force l’admiration de ceux qui en bénéficient”, conclut-il.
Outre-Manche, on fait fi de la couleur de peau, mais aussi du statut social. Les employeurs britanniques se révèlent beaucoup plus sensibles à la motivation du candidat et ses “compétences transférables” qu’aux diplômes obtenus, nous a expliqué Marine Deneux, directrice du centre Charles Péguy. Un phénomène qui ravi bien des jeunes Français qui passent la porte de son établissement à Londres, dans la proportion de 10.000 par an ! Un millier d’entre-eux décide de s’inscrire pour obtenir une aide personnalisée (60£ de cotisation) et presque tous trouvent du travail grâce aux offres spécifiques qui transitent par le centre Péguy.
Le témoignage de Saloi Benbaha fut éclairant sur les conditions d’embauche et l’évolution des carrières. Cette jeune consultante en énergies a été valorisée par son caractère volontaire et la diversité de ses expériences, pendant que ses amis français la mettaient en garde contre le risque d’apparaitre “instable”.
Pas de discrimination, diplômes désacralisés, recherche de compétences transférables, … les Anglais continuent à faire tout à l’envers et bien plus encore lorsqu’il s’agit d’intégrer les handicapés dans la vie des entreprises.
Julie Calleux, juriste experte en droit du travail, a évoqué les “reasonable adjustements” auxquels étaient tenus les patrons britanniques pour préserver cette fameuse égalité des chances au profit de ceux dont les aptitudes physiques étaient réduites. Sur un plan légal, elle a souligné que la France était aussi bien outillée… mais que les textes restaient lettre morte. “La Grande-Bretagne a 50 ans d’avance sur la France en matière d’ingénierie sociale”, s’est alors exclamé, Edouard Braine, notre consul général, même s’il vante par ailleurs le service public français.
Il a développé le sujet avec l’autorité du consul et la légitimité d’un homme qui vit en fauteuil roulant, suite à un accident de cheval, et qui a toujours refusé de rester tranquillement chez lui, pensionné par l’Administration.
Edouard Braine est sur le pont, chaque jour, imperturbable, le cap fixé sur l’emploi, une préoccupation viscérale que partageaient tous les intervenants de cette table ronde. En arrivant à Londres, le consul a découvert ceux qu’il appelle affectueusement les Oubliés de Saint-Pancras, du nom de la gare londonienne où des flots de jeunes Français débarquent en toute insouciance, de vrais électrons libres, un sac sur l’épaule et des rêves plein la tête.
D’une part, le consul applaudit au volontarisme de ces Jeunes qui viennent “découvrir la réalité d’un monde globalisé et se tremper d’expériences diverses”, comme on irait patauger dans le petit bain, avant d’oser plonger dans le grand bassin. D’autre part, il est résolu à aller à leur rencontre par les moyens de l’Administration et par son soutien au centre Charles Péguy, une association dont il ne cesse de vanter l’action en faveur de l’emploi, avec des “moyens dérisoires” en comparaison de son utilité sociale pour nos compatriotes.
Je lui reconnaissant d’avoir répondu favorablement à ma demande de créer le plan Emploi début 2010 qu’il anime de main de maître. Le développement du centre Charles Péguy constitue le premier objectif de ce plan Emploi ; le second étant la création du métro transmanche.
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