J’ai reçu avec plaisir un ouvrage intitulé “France : je t’aime, je te quitte” que l’auteur m’a dédicacé de cette formule téméraire : cette enquête destinée à secouer le cocotier hexagonal.
L’enquête du journaliste Christian Roudaut, qui vient de paraître chez Fayard, porte sur les deux millions et demi de Français qui vivent hors de l’Hexagone. Une autre France en somme, celle des expatriés de tous bords et de tous poils, mais “cette France-là n’est ni d’en bas ni d’en haut, ni de droite ni de gauche, elle est d’ailleurs”, explicite l’auteur de cette analyse très documentée, servie par un style clair et élégant.
“Quand le Français sort de chez lui, il se rend compte que les choses ne sont pas comme on le les lui a racontées.” Cette phrase résume tout l’esprit du livre.
Rencontré par l’auteur, Marc Levy allègue même que “la vie à l’étranger est le parfait antidote contre l’ignorance”.
Cependant, Christian Roudaut cautionne volontiers nos fiertés nationales (qualité de vie, culture, protection sociale…) et n’en rajoute pas sur les travers français (conservatisme, nombrilisme, discriminations…).
Son dessein a été de capter un autre regard, un regard amoureux mais lucide, car c’est celui des “témoins privilégiés de la mondialisation.” Ceux qui ont choisi de recommencer sous d’autres cieux, avec enthousiasme et beaucoup d’humilité. L’expatrié est souvent loin d’être un loser dans son pays, démontre Christian Roudaut, et il s’attend bien à ce que l’herbe ne soit pas aussi verte qu’il l’imaginait. L’expatrié répond généralement à un appel impérieux qui n’épargne pas toujours ceux qui ont déjà fait leur trou en France. Notre journaliste en a rencontré certains, tels que les chanteurs Yannick Noah ou Charlélie Couture, et le professeur Luc Montagnier.
L’auteur m’a consacré quelques pages en relatant mon départ médiatisé, il y a près de 15 ans. La hauteur des charges sociales, les pesanteurs bureaucratiques, l’économie administrée, la fiscalité dissuasive menaçaient mon entreprise.
Rien ne me prédestinait à l’expatriation qui s’est imposée à moi comme une évidence de bonne gestion. J’ai pérennisé et transmis mes activités. Aujourd’hui, je peux me consacrer à la fois à la promotion de la bande dessinée franco-belge dans le monde entier et à la représentation des Français du Royaume-Uni. D’autres parcours décrits avec talent par l’auteur sont aussi éloquents.
Avec le temps, je suis devenu l’Anglais pour les Français, et le Français pour les Britanniques. Peu à peu, cette ambigüité permet de s’élever au-dessus des clichés. L’auteur a su capter ce regard. Si vous lisez cet ouvrage, vous vous retrouverez certainement dans les nombreux témoignages de nos compatriotes établis à l’étranger.
Référence : «France : je t’aime, je te quitte» de Christian Roudaut – édition Fayard – 350 pages, 18€.
0 Commentaire
Publiez votre commentaire