Il y a un an, presque jour pour jour, j’inaugurais l’Europa School UK, une nouvelle free school multilingue près d’Oxford, en compagnie de tous les élus locaux et de Lord Hill, Schools Minister (lire : “Inauguration officielle de l’Europa School UK” du 30 septembre 2012).
Parmi les parents d’élèves figurait Bénédicte Yue, dont je vous ai parlé en mai dernier puisqu’elle a proposé de fabriquer un « kit d’information » à l’attention des parents qui souhaitent créer d’une Free School bilingue.
Son initiative a pris corps en même temps que la constitution d’une équipe dédiée à l’objectif 2 du plan Ecole, inchangé depuis 2007 : doubler en 5 ans le nombre d’établissements offrant un enseignement bilingue français-anglais au Royaume-Uni. (lire : “Le plan Ecole va permettre de doubler le nombre d’écoles bilingues !” du 31 mai 2013).
J’ai participé à la journée “Free Schools Live!” le 29/6/13 à Westminster en compagnie de Bénédicte. Le discours passionnant et visionnaire prononcé par Michael Gove, ministre de l’éducation britannique, offre des perspectives nouvelles pour les parents désireux d’obtenir un système éducatif répondant à leurs aspirations d’enseignement bilingue.
Rappelons que 2/3 des jeunes Français de Grande Bretagne fréquentent des écoles britanniques, principalement du fait de leur éloignement de Londres. Un enseignement bilingue leur offrirait une ouverture culturelle française, tout en restant intégrés au système scolaire britannique.
Après l’Europa School en 2012, nous attendons l’ouverture en 2014 de l’école bilingue de Bromley (français/anglais) ou encore de l’International Academy of Greenwich (secondaire multilingue). Nous souhaitons que d’autres projets prennent forme et voient le jour en 2015. J’ai le plaisir d’ouvrir mes colonnes à Bénedicte Yue pour vous faire partager son expérience de création d’école à Culham et les informations recueillies lors du Free Schools Live conference and exhibition. Je la remercie vivement de cette contribution.
Créer une free school bilingue: pourquoi pas vous ? – Bénédicte Yue
Face à la saturation des établissements français sur Londres, le concept de free school pourrait s’avérer une alternative intéressante pour développer des écoles bilingues en Angleterre.
Les Free schools sont des écoles d’état anglaises disposant d’une gestion autonome sous contrôle d’un « Board of Governors ». Elles sont indépendantes du contrôle des autorités locales et supervisées directement par le Department for Education, l’OFSTED et l’Education Funding Agency.
Les free schools disposent d’une plus grande liberté à plusieurs niveaux :
– Elles n’ont pas l’obligation de suivre le programme anglais (National curriculum) mais doivent offrir une éducation « vaste et équilibrée » ;
– Elles sont directement financées par l’Etat sur la base du nombre d’élèves et gèrent leur propre budget ;
– Elles ont également certaines libertés en matière de rythme scolaire ou encore de politique de recrutement et de rémunération ;
– Enfin, et ce qui n’est pas négligeable, elles sont « free » d’un point de vue financier.Cette initiative, lancée par le gouvernement de coalition en juin 2010 et qui s’inspire des exemples américains (Charter schools) et suédois, connait un vif succès. Il y a aujourd’hui en Angleterre 171 free schools (24 ouvertes en 2011, 55 en 2012, 92 en 2013) et 115 ont déjà été approuvées pour ouvrir en 2014.
Très peu d’entre-elles axent leur curriculum sur un programme multilingue. On peut citer notamment Europa school UK (près d’Oxford) offrant 2 filières anglais/français et anglais/allemand et l’école de Brighton (primaire anglais/espagnol), Judith Kerr (primaire anglais/allemand), Tiger Primary school (primaire mandarin/anglais) et nous nous réjouissons de l’ouverture en 2014 de l’école bilingue de Bromley (fançais/anglais) ou encore de l’International Academy of Greenwich (secondaire multilingue).
La flexibilité qu’offrent les free schools en matière de programme pédagogique en font un véhicule idéal pour mettre en place des écoles bilingues/multilingues qui s’intègrent dans le système éducatif britannique.
Cela peut représenter une opportunité pour toutes les familles françaises ou franco-anglaises installées durablement en Angleterre qui tout en faisant le choix de l’immersion dans le système scolaire de leur pays de résidence peuvent continuer à offrir à leurs enfants une éducation multiculturelle. Cela favorise en outre l’intégration avec la communauté anglaise désireuse d’améliorer ses compétences linguistiques. Enfin, cela peut également offrir une alternative aux familles qui n’ont pas de place dans les écoles françaises ou encore qui habitent en province.
Alors, quelle est la marche à suivre ?
1) Equipe. La première étape consiste à bâtir une équipe autour d’un projet éducatif dans une zone où la demande pour ce projet est forte. L’équipe est en général un groupe de volontaires de la société civile (parents, enseignants, associations, etc…) dont la multidisciplinarité est essentielle. Pour créer une free school bilingue par exemple, il s’agira de démontrer des compétences en matière d’éducation tant du côté anglais que français, des compétences juridiques, et, ce sur quoi le Department for Education insiste de plus en plus, des compétences financières.
2) Projet. Il faut ensuite pouvoir articuler son projet pédagogique en respectant un format très précis.
3) Demande. Enfin, recenser la demande pour chaque niveau des classes à créer.
Notons qu’il n’est pas essentiel d’avoir identifié un site et que, si votre projet est retenu, l’Education Funding Agency sera à vos côté pour rechercher un site, en faire l’acquisition le cas échéant et engager les travaux.
Une fois ces trois conditions remplies (équipe-projet-demande), il conviendra de vous doter d’un statut juridique sous forme d’Academy trust sans but lucratif (charitable company limited by guarantee) et de déposer un dossier auprès du Department for Education selon le format indiqué sur son site internet ci-dessous.
En termes de calendrier, il faut compter minimum 18 mois entre le dépôt du dossier initial et l’ouverture de l’école. Il existe maintenant 3 fenêtres par an pour déposer un dossier (septembre, janvier et mai). Si votre dossier passe la présélection, vous serez ensuite convoqué 2 mois plus tard pour un oral de présentation devant un panel. Suite à cet oral, vous aurez ou non un accord pour passer en phase de pré-ouverture. A partir de ce moment-là, le gouvernement vous allouera des fonds pour mettre en place votre projet. Vous serez en général assisté par des consultants spécialisés et si tout se passe bien, votre projet débouchera sur la signature d’un funding agreement, lequel constitue le véritable acte de naissance de l’école.
N’hésitez pas à informer Yves Letournel, attaché de coopération pour le français au service culturel de l’ambassade mail : yves.letournel@diplomatie.gouv.fr qui pourra vous mettre en contact avec d’autres équipes et faciliter la communication au sein de la communauté française.
Le gouvernement anglais a également mis en place le New School Network (NSN). Le NSN, dirigé par Nathalie Evans, a pour missions de conseiller gratuitement les équipes sur le montage des dossiers. Il dispose de nombreuses informations utiles sur son site internet référencé ci-dessous et propose également un programme de développement vous permettant de bénéficier de subventions et de conseils personnalisés.
Il ne reste plus qu’à vous lancer dans l’aventure !
Liens utiles:
• News school network – Application guidance
• Department for Education website – How to apply guide
• Education Funding Agency – Recherche de site, acquisition et construction
1 Commentaire
Quid des enseignants?
Ceci peut-il se faire uniquement avec des enseignants Britanniques, ou le Ministère de l’Éducation Nationate aurait-il décidé de rendre raisonablement faciles les mutations/dispos/détachements ici au Royaume-Uni?
Publiez votre commentaire