Jean-Pierre Cantegrit au Sénat, lors de sa décoration dans l’O.N. de la Légion d’honneur par Gérard Larcher, le 13/11/2019

Jean-Pierre Cantegrit s’est éteint à l’âge de 91 ans. Une annonce qui nous remplit de tristesse et fait remonter des souvenirs en cascade avec celui qui a consacré sa vie de parlementaire au service des Français de l’étranger.

Une belle et une longue vie de parlementaire puisque Jean-Pierre détient, certainement pour toujours, le record de longévité de la Vème République au Sénat, où il aura siégé plus de 40 ans, sans discontinuer de 1977 à 2017.

Il était revenu au Sénat le 13 novembre 2019, accompagné de son épouse Hélène, pour recevoir les insignes de chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur des mains de Gérard Larcher. Leur complicité faisait plaisir à voir. Inutile de préciser que Jean-Pierre avait l’oreille et le respect de toute notre classe politique, ayant commencé sa carrière sous Valéry Giscard d’Estaing, en remplacement de Louis Gros, nommé membre du Conseil constitutionnel.

Jean-Pierre Cantegrit ne laissait personne indifférent, c’est le moins que l’on puisse dire. De stature imposante, les yeux perçants, le ton déterminé, il intimidait chacun au premier abord.

Centriste, héritier de cette Vieille France empreinte de culture classique, de retenue et d’élégance, il incarnait ces barons de la politique française qui fascinent.

Bravache dans l’adversité, on l’imaginait dur, coriace, et on avait raison, mais il était aussi incroyablement amical et plein d’humour. Il était « chaleureux à sa façon », me rappelait hier une amie et capable d’éclats de joie dignes d’un petit garçon lorsqu’il apprenait une bonne nouvelle.

Le grand leg politique de Jean-Pierre Cantegrit aura été la création de la Caisse des Français de l’étranger (CFE), dont il a été le président durant 35 années (1985 à 2015), pendant lesquelles cette caisse a toujours été excédentaire et disposait de réserves à son départ, aimait-il rappeler.

De fait, comme je l’avais rappelé à la tribune du Sénat le 18/06/2015 :
“En réponse à l’attente, voilà quelques années, des élus de l’Assemblée des Français de l’étranger, M. Cantegrit a su mettre en œuvre, avec une rare efficacité, un contrôle externe de la caisse.
Peu de caisses de sécurité sociale peuvent se prévaloir de comptes certifiés sans réserve. Il me paraît donc justifié de rendre hommage à l’action de ce conseil d’administration et de son président.”

En effet, pendant 40 ans de mandat, son fil à plomb aura été la protection sociale des Français de l’étranger. Fondée en 1978, d’abord à l’attention des salariés, la CFE offre à tous nos expatriés la même protection sociale qu’en France. Il s’agit d’une formidable réalisation.

À l’Assemblée des Français de l’étranger, Jean-Pierre Cantegrit créa et présida le groupe UDIL (Union des Démocrates, Indépendants et Libéraux), que j’ai rejoint en 2006, en compagnie des conseillers des Français de l’étranger Thierry Consigny (Japon) et Nadine Pripp (Suède).

Il fut également longtemps une figure emblématique de l’UFE (Union des Français de l’étranger) et un fin connaisseur de l’Afrique.

Son décès intervient à quelques jours le lancement des Assises de la protection sociale des Français de l’étranger, convoquées par Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur et aux Français de l’étranger. Son ombre planera sur les débats et sa mémoire constituera une source d’inspiration pour tous.

Sa disparition plonge notre institution sénatoriale dans le deuil. Elle affecte profondément les membres du groupe de l’Union Centriste présidé par Hervé Marseille, qui était un de ses amis proches.

Mes pensées émues vont à son épouse Hélène et ses enfants que j’assure de toute ma sympathie. Mes condoléances à sa famille et ses proches.