Ce 12 juin, notre commission des Affaires étrangères et de la Défense a organisé une audition sur le thème « La géopolitique des grands évènements sportifs ».

J’ai interrogé les deux chercheurs présents sur l’efficacité de la diplomatie du sport et aussi ses risques, au regard des grands événements sportifs organisés notamment par les pays du Golfe, comme outil de soft power qui sert autant leur diplomatie d’influence (notoriété, sécurité, maîtrise technologique…) que leur volonté de diversification économique.

« Si vous êtes un état comme l’Arabie saoudite ou le Qatar et que vous voulez normaliser votre image et attirer des touristes, des talents, des investisseurs et des entreprises, c’est le meilleur moyen », de l’avis de Jean-Baptiste Guéguan. Le chercheur estime, par ailleurs, que la France devrait davantage profiter de « l’effet d’aura » de ses champions au service de sa diplomatie.

Quant aux dangers, Lukas Aubin constate que « le sport est une arme à double tranchant, une plate-forme pour diffuser son propre narratif, mais qui peut aussi servir de tribunal pour le pays hôte », tout en précisant que ces critiques émanaient majoritairement des pays occidentaux.

Verbatim :

Vous avez rappelé l’approche de M. Poutine (organisation de Jeux parallèles à Paris) et je pense que ce n’est pas la première fois. En 1980, nous avons nous-mêmes boycotté les jeux olympiques de Moscou. Des jeux avaient été organisés pour les pays qui avait boycotté. En retour, en 1984, les Russes et les pays proches de l’Union soviétique avaient à leur tour boycotté les Jeux de Los Angeles.

Cette situation n’est donc pas nouvelle et les calomnies de M. Poutine n’engagent que ceux qui les écoutent.

Mais, effectivement, il y a quelque chose qui apparait, et on l’a vu avec la Coupe du monde de football au Qatar, en cherchant à se mettre en avant, un pays qui organise les jeux Olympiques, ou une Coupe du monde de football, ouvre la voie à tous les pays qui veulent le dénigrer.

J’ai l’impression que c’est ce qu’il s’est passé avec le Qatar et cela nous permettait de préparer ce qui allait se passer avec les Jeux Olympiques à Paris.

On peut imaginer que la prochaine Coupe du monde de football qui est organisée sur un continent va avoir, elle aussi, ses contradicteurs qui vont dire : regardez, pour passer d’un match à l’autre, il va falloir traverser tout un continent ! Lorsqu’on voit les reproches faits au Qatar sur l’empreinte carbone pour la Coupe du monde, on peut imaginer la suite.

Est-ce-que vous ne pensez pas que, désormais, quand on se porte candidat, on se porte aussi candidat au dénigrement ?

Quand j’observe, dans les pays du Golfe, l’importance accordée à cette diplomatie du sport comme on le voit avec le Qatar, puisque la Coupe du monde n’était que l’un des grands évènements qu’ils organisent, comme les Jeux asiatiques prochainement ; L’Arabie saoudite aussi est très engagée avec le golf, les compétitions automobiles, les jeux olympiques d’hiver…

Est-ce que selon vous cette stratégie de diplomatie du sport est efficace, et peut-on considérer qu’elle a apporté des avantages pour les pays qui s’investissement autant sur ce sujet ?<>/font>