Si nous avions accueilli autant de réfugiés syriens que le Liban au prorata de sa population, la France compterait 24 millions d’habitants de plus !
Ce flot massif de Syriens fuyant les combats en tout juste 4 ans a déstabilisé l’organisation sociale et économique du Liban. Cette inquiétude fut l’objet majeur de mon entretien avec Mgr Bechara Raï, chef de la principale communauté chrétienne du Liban.
Nous avons discuté de cette situation en compagnie de maître Joseph Farah, président de Caritas MONA (Le Secours catholique Moyen-Orient et Afrique) et de l’ambassadeur Farid Samaha, ancien directeur du protocole au palais présidentiel.
Il est irresponsable de laisser le Liban seul face à ce flux continu de réfugiés. Cette crise humanitaire concerne toute la communauté internationale.
J’ai suivi le conseil du Patriarche m’invitant à me rendre au siège de Caritas Liban qui distribue l’aide aux réfugiés.
Son président, le père Paul Karam m’a confié que 1.212.000 réfugiés syriens étaient officiellement inscrits au Liban d’après le Haut commissariat aux réfugiés. Mais on estime qu’ils seraient 400.000 de plus.
Cette immigration massive affecte directement les Libanais les plus modestes parce qu’ils sont supplantés sur le marché du travail par les Syriens non déclarés, payés deux fois moins chers!
Cette main d’œuvre abondante, l’explosion des naissances syriennes (60% des naissances) ou encore la hausse prodigieuse de la criminalité bouleversent les délicats équilibres sociaux, économiques et religieux du Liban.
Du reste, même si la guerre se termine, les études montrent qu’il restera toujours 500.000 Syriens au Liban, quelle que soit l’issue du conflit qui dure depuis 4 ans. Soit autant que les Palestiniens!
À la demande du gouvernement libanais, la Banque mondiale, en collaboration avec les Nations Unies, l’Union européenne et le Fonds monétaire international, a effectué une étude rapide de l’impact économique et social de l’arrivée des Syriens (lire l’étude de septembre 2013).
Plus d’an an plus tard, le conflit en Syrie semble s’installer pour longtemps. Le flot de nouveaux réfugiés s’est poursuivi. Ce flux ininterrompu risque de faire sombrer le Liban dans un nouveau conflit.
En écartant le président syrien Bachar AL-ASSAD de toute discussion diplomatique pour préparer l’avenir de la Syrie, je pense que le Président de la République prend le risque de prolonger un conflit qui a de lourdes conséquences pour le Liban.